Aller au contenu
Francos en vrac: Galaxie, Alaclair Ensemble, Grenadine
Crédit: Simon Gosselin

 

On ne se lasse pas de suivre la bande du Lac Saint-Jean dans sa spirale rock. D’un projet à l’autre, d’un album ou d’un spectacle à l’autre, elle sait aller toujours plus haut, toujours plus loin, évoluer et surprendre sans étouffer son essence rock.

Le dernier album de Galaxie, lancé cet hiver, ne fait pas exception. Même si j’ai un peu moins aimé les chansons, côté son, Olivier Langevin a creusé profond, en plus d’y tisser des grooves pas possibles. De quoi avoir hâte à la relecture live, présentée en première à Montréal samedi au Métropolis.

Musicalement, l’équipe – cette fois composée de Pierre Fortin à la batterie, Dan Thouin et François Lafontaine aux claviers, Langevin à la guitare (avec apparition de Pierre Girard à la toute fin) et Fred Fortin à la basse – s’est montrée fidèle à ses standards, ses habitudes et son cheminement: plus serrée encore que la fois précédente, épatante dans les petits pains rock bien compacts, les grosses dérapes «jammées», pleines de tournures inattendues, autant que dans ces moments lents de plus en plus nombreux au fil des albums (comme la récente «Jusqu’à la fin»).

Comme de raison, le son plus synthétique du dernier album est redevenu rock à souhait sur les planches. Tournure volontaire? La présence de deux claviers sous-entendait une place plus grande à l’instrument, mais dans la sono brouillonne du Métropolis, celui-ci s’est quelque peu perdu. On ne s’en plaindra pas trop, honnêtement: le trip Galaxie, live, réclame un certain statu quo. Le plaisir de l’affaire repose encore essentiellement sur le jeu de guitare de Langevin, la basse de Fortin #1 et la batterie de Fortin #2.

La présence de deux choristes au-devant de la scène, par contre, était un peu buzzkill. Soit, les voix féminines sur Tigre et diesel réclamaient en quelque sorte cet ajout, mais fringuées tout de glam et se dandinant comme à Belle et Bum, elles faisaient redescendre Galaxie au ras de la norme rock. Un petit côté Éric Lapointe pas vraiment bienvenu.

Pas qu’on ne comprend pas l’essai: au fil des ans, Langevin a toujours cherché à étirer l’univers du blues-trash duquel il a fait naître Galaxie. Jusqu’à maintenant, il a toujours réussi à le faire sans tomber dans les clichés rock, mais avec cette expérience-ci, il heurte un mur. Si les chœurs doivent avoir leur place dans le bolide Galaxie, ils devraient rester sur le siège arrière, voire même dans le coffre.

* * * *

On dirait bien qu’Alaclair Ensemble a réussi sa première apparition sur une grosse scène, la veille, dans le cadre de la programmation extérieure. Comme toujours, le jeu était un peu bordélique, il y avait entrechoquements, sans compter qu’à la technique, on a semblé trop confus par le grand nombre de rappeurs sur scène pour permettre à chacun de bien se faire entendre au bon moment. Mais l’énergie était au rendez-vous et le public, présent en grand nombre en cette belle soirée, a semblé apprécier, même si les laïus du clan sur le Bas-Canada (et une version de l’hymne national canadien en lever de rideau) ont paru en confondre quelques-uns. Déjà charismatique sur album, Kenlo est en voie de devenir un redoutable showman.

Le groupe en a profité pour sortir quelques armes encore inconnues, notamment un extrait époustouflant d’un album solo à venir d’Eman (aussi d’Accrophone) ainsi qu’une chouette reprise du thème de Watatatow apprêté à la sauce Sugarhill Gang (dont Alaclair reprend aussi encore le fameux «Rapper’s Delight» en version francisée).

Non, on ne comprend pas toujours ce qu’ils racontent, mais qu’importe? On le répète: le clan apporte une dose salutaire de délire et d’étrangeté au hip-hop francophone. Deux choses dont il a toujours cruellement manqué, surtout au Québec.

* * * *

Avec son premier EP largué fin 2010, Grenadine, alias Julie Brunet, a elle aussi apporté une bouffée d’air frais à la pop locale. Ses chansons sont délicates, accrocheuses au possible, mais aussi pleines de caractère. Un caractère auquel il lui reste cependant à faire honneur live. Si sa prestation de vendredi sur une des scènes extérieures était beaucoup plus professionnelle qu’une autre tentative, beaucoup plus boiteuse celle-là, vue au printemps au Quai des brumes, elle aurait pu être celle de n’importe quelle autre chanteuse pop grand public.

Plutôt que d’assumer une certaine timidité, Brunet aligne les clichés pop: gestuelle exagérée, tentatives maladroites de projeter une voix qu’on préfère diaphane, mises en scène pop 101 (faire frapper les gens dans les mains, inviter des amis sur scène à danser, etc.)… Mais surtout – et bien qu’elle soit accompagnée d’étoiles de la relève, comme Jérôme Dupuis-Cloutier et des membres de Le Couleur – la transposition live de ses arrangements manque totalement de vie. Pas l’ombre d’un tone à l’horizon! Juste une base standard, des sons plats sans corps. Et on ne parle même pas de cette douteuse reprise d’«Avant de m’en aller» de Gerry, qui lui allait aussi bien qu’un bikini doit aller à Réal Giguère…

Pop ne doit pas nécessairement rimer avec fadeur. Sur son EP, Brunet arrive justement très bien à juxtaposer le léger et le musclé. Il lui reste à trouver un dosage semblable live.

 

Plus de contenu