Aller au contenu
Osheaga jour 3: finir en beauté
Crédit: Simon Gosselin

Après la journée un peu terne de la veille, cette troisième et dernière journée d’Osheaga s’est avérée heureusement plus vivante. Il faut dire qu’on avait affaire à des valeurs sûres. Avant quoi il y a cependant eu quelques surprises. En effet, qui aurait cru que Maja Ivarsson, la chanteuse des Suédois de The Sounds, avait finalement appris à chanter? Celle qui jadis peinait à terminer un morceau avec la voix intacte a mené son groupe à travers un set étonnamment vibrant sur la scène de la Montagne. L’énergie déployée évoquait davantage la phase pop-punk du groupe (immortalisée sur l’excellent Dying to Say This to You, 2006) que son récent virage pop à la Avril Lavigne (voir le piètre nouveau Something to Die For). Les vétérans hip-hop Cypress Hill se sont également montrés étonnamment en forme. Leur hip-hop truffé d’hommages à la marijuana est un peu vieillot, mais ces vieux tubes sont encore capables de faire lever une foule.

Les gars de Malajube se sont montrés égaux à eux-mêmes: concentrés, précis et allumés. Avec seulement 45 minutes à leur disposition, ils ont misé sur le matériel du plus récent La Caverne, avec seulement deux passages de Trompe l’œil pour la nostalgie. Dommage que le volume sonore ait été si bas… Après The Sounds et Cypress Hill, la démarcation était évidente.

Détour vers la scène des arbres, par après, pour le retour des excellents indie-folk-rockeurs The Low Anthem. Des pépins techniques ont hélas forcé le groupe à retarder son concert et donc à considérablement l’amputer, ce qui fait qu’on n’a eu droit qu’à sa facette la plus rock. Les moments plus doux, lors desquels les membres se regroupent autour d’un micro central pour chanter en harmonie, ne figuraient pas au menu, chose fort malheureuse puisqu’ils donnent à The Low Anthem une bonne part de son charme.

Le temps d’avaler une bouchée et, déjà, il était temps de retourner vers la scène principale pour se placer en prévision des Flaming Lips. Death Cab for Cutie a livré entre-temps un concert honnête, juste à côté, partagé entre les morceaux du tout récent Codes and Keys et ses vieux tubes, mais pendant qu’on regardait Wayne Coyne et cie installer leurs artifices scéniques et qu’on anticipait la livraison live de l’album-culte The Soft Bulletin, tout ça était un peu trop sage et long.

Finalement, le moment attendu est arrivé. Les Lips ont livré exactement tout ce qu’on espérait: les ballons, les confettis, les projections psychédéliques, les danseurs sur scène… Bref, le tralala habituel. Sauf qu’à l’extérieur, par cette belle température, et surtout avec les morceaux du classique The Soft Bulletin en poche, le bal était encore plus savoureux qu’à l’habitude. Il faut comprendre que The Soft Bulletin représente un condensé de tout ce qui fait le charme des Lips. C’est sur cet album, datant de 1999, qu’il a le mieux exprimé sa fantaisie, son côté peace and love grandiloquent, ses ambitions expérimentales et son côté pop tout à la fois. Les craintes à l’effet que les arrangements ambitieux de l’opus ne se perdent dans le contexte live se sont rapidement dissipées: maintenant un quintette adjoint d’un multi-instrumentiste additionnel, le groupe a pleinement fait honneur au disque. "The Spark That Bled", "What is the Light" et "Suddenly, Everything Has Changed" ont particulièrement bien passé. Frissons et poils levés à gogo pour le fan de longue date qui signe ces lignes.

Si un extrait du classique a été omis ("Buggin’", sans doute trop difficile à chanter pour Coyne et son registre hyperlimité), des interludes additionnels ont été rajoutés, avec en fin de course une version particulièrement psychédélique de "Sleeping on the Roof", la pièce instrumentale qui clôt l’album.

Une gâterie totale de mélomane, rien de moins. Comme façon de terminer cette sixième édition somme toute réussie en dépit d’une seconde journée faible, on ne pouvait espérer mieux.

 

Plus de contenu