Neuf heures de (belle) route, arrivée de justesse à Rouyn-Noranda pour la fin du méchoui d’ouverture et l’inauguration par Passwords (en photo) du «concert de la rentrée» (où, ironiquement, on ne trouve que peu d’étudiants) à ciel ouvert en pleine septième rue… Dès les premières minutes de cette neuvième édition du rendez-vous musical annuel de la «scène locale» (mouais…) en région, je prends la résolution de miser autant que possible sur les noms inconnus, les découvertes… Les valeurs sûres, on les voit et les revoit à Montréal, pas vrai?
Ça dure le temps d’un passage dans la suffocante Agora des arts, cette ancienne église transformée en salle de concerts, rue Murdoch. J’y vois pour la première fois les passablement hypés Thus:Owls, ce combo suédois flanqué du guitariste montréalais Simon Angel, de Patrick Watson, et me souviens pourquoi j’avais passé outre auparavant: sa pop atmosphérique est bien découpée, remarquablement exécutée, mais sinueuse et sans relief.
Plus intéressante est la première rencontre, juste avant, avec PiaNO ChaT, un multi-instrumentiste français hyperactif, maniant la pédale à échos à la façon de Feist ‒ des empilades de boucles créées live pour bâtir des harmonies, mais utilisées dans ce cas-ci pour créer des arrangements complets, pas juste des segments. Allumé, le gaillard va et vient de part et d’autre de la salle, alterne entre batterie, mini-synthé, guitare et micro, laisse le public tapocher sa batterie en cours de route… Étonnamment, il arrive à former ainsi des habillages rock convaincants à la manière des Strokes ou The Rapture. Musicalement, ses chansons n’ont rien de passionnant (il insiste pour chanter essentiellement en anglais malgré un fort accent), mais sa prestation est impressionnante.
Si un festival comme Pop Montréal s’est distingué au fil des ans par son appétit pour le culte et l’insaisissable, le FME est en train de faire de même avec les figures du type PiaNO ChaT: des animaux de scène atypiques, rompus au circuit des festivals et à cette surenchère agréable nécessaire pour s’y faire remarquer. Le Chapelier fou et Gablé, également de France, se sont imposé avec des prestations du même type lors des deux éditions précédentes dont du festival.
Les bonnes résolutions ne durent pas. En fin de soirée, je cède à la tentation de rester au Cabaret de la dernière chance pour Jimmy Hunt et ne le regrette point: la sono et le caractère intimiste de l’endroit servent bien sa chanson rock à la fois nerveuse et feutrée et le gaillard a quelques excellentes nouvelles pièces au menu. Le guitariste Emmanuel Éthier, qui a accidentellement bu une gorgée de nettoyant à plancher (oui, oui) quelques minutes avant de monter sur scène, ne semble pas avoir trop de mal à s’acquitter de sa tâche.
Une autre vieille habitude refait surface en fin de soirée: une dernière bière et un slow au Bar des Chums avec le Duo Éclipse et ses reprises du hit parade queb! Nul doute que ce soir, on y sera plus nombreux encore, au risque de créer une autre scène comme ce moment classique de 2009.
De retour au camp, on apprend que Brad Barr sait allumer des feux avec du bois et du papier humides et on discute jusqu’aux petites heures du sens de la vie et de l’art avec la gang de Passwords et Jimmy Hunt…
FME – jour 2: Malajube, Canailles et la colle
FME – jour 3: Secret Chiefs 3, Galaxie, Duchess Says et les débordements