Impossible de ne pas (re)connaître Lino. Depuis quinze ans, ses affiches pour des pièces de théâtre et autres évènements artistiques de la métropole ont tapissé les murs de la ville. Tellement, qu'à déambuler dans cette exposition, l'influence de Lino sur l'identité visuelle de Montréal est manifeste. Bricolages, dessins et même peintures, Lino avait les deux pieds dans le design tactile bien avant que le terme existe. L'homme comme sa ville sait être à la fois brouillon et artistique, enfantin et structuré, épuré et organique. Bref, un curieux mélange que l'artiste multidisciplinaire sait savamment doser.
Malgré la beauté de l'exposition, ce mélange d'affiches et de peintures, une question nous assaille perpétuellement. Sommes-nous réellement devant une exposition de design? Ou plutôt face à une manifestation d'art en bonne et due forme? La frontière n'a jamais aussi été floue entre les deux disciplines avec Lino. Et c'est assurément là que le dessinateur a su briller, en sachant apporter à la culture populaire un geste purement artistique. Si Zilon a marqué par son style l'esthétique des rues montréalaises des années 90, Lino a lui aussi réussi ce tour de force en troquant le graffiti pour des affiches. Ses multiples collaborations avec les agences orangetango, Chinotto et même SidLee révèlent également son apport important au design graphique québécois.
Ce qui est constant chez Lino, c'est cette signature forte, un coup de crayon reconnaissable à travers le temps. Lino est toujours Lino. L'exposition présentée au Centre de design de l'UQÀM brille particulièrement par les peintures de l'artiste, ainsi que la création d'une pièce qui se veut en quelque sorte la reproduction du studio de Lino. Une brillante idée qui permet de s'imprégner de l'univers pictural de l'artiste. Bien qu'on ait adoré l'expérience dans son ensemble, apprécié la pertinence d'une telle manifestation, l'exposition demeure encore trop discrète quant à l'homme et ses influences, ainsi que son parcours de vie. Il faudra peut-être mettre la main sur ce livre, édité en série limitée, manœuvré par le commissaire de l'exposition, Marc Choko, pour nous révéler de nouvelles piste sur un homme et son œuvre.
Expo LINO
du 30 août au 30 octobre
Centre de design de l'UQÀM
centrededesign.com