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Réinventons la ruelle! porte un regard neuf sur les cours arrière au potentiel inexploité

Il y a environ 500 kilomètres de ruelles à Montréal et, contrairement aux routes principales, «les ruelles peuvent être modifiées au gré des citoyens sans devoir consulter la ville de Montréal», souligne Maxime Gagné, architecte pour la boîte Laroche et Gagné. La Maison de l’architecture du Québec s’est inspirée de ce droit qu’ont les Montréalais pour mettre sur pied l’exposition Réinventons la ruelle!, question d’embellir la métropole en proposant de nouvelles façons d’imaginer ces espaces publics.

Afin de rendre justice à la vision des 22 architectes, paysagistes et designers invités, les commissaires ont reproduit une ruelle avec 11 macro-maquettes disposées de part et d’autre de chaque côté de l’allée. Si chacun de ces projets élabore une proposition différente et aborde des thématiques qui lui sont propres, comme la solitude ou la densité urbaine, l’ensemble reflète un grand souci de pragmatisme environnemental, et un amour inconditionnel pour Montréal et ses habitants.

«Lorsque j’étais jeune, je jouais toujours dans ma ruelle», explique Gagné, qui participe à l’exposition avec son collègue Dominique Laroche. «Maintenant, avec la hausse de la circulation automobile, il est moins tentant de laisser ses enfants jouer dehors. Pourtant, les ruelles représentent une excellente opportunité pour rencontrer ses voisins et laisser libre cours à son imagination.»

La ruelle comme lieu de rencontre semble être une évidence pour la plupart des architectes invités. Sergio Clavijo, qui a aussi participé à la plus récente édition d’Art souterrain avec l’installation Undergarden, est convaincu qu’il faut repenser à la manière dont l’environnement urbain isole ses citoyens. «S’il est nécessaire de créer une division entre nous et notre entourage, il ne faut pas que cette division devienne aliénante, comme elle l’est souvent aujourd’hui. C’est pour cela que mon concept explore l’importance de partager son espace personnel avec autrui tout en gardant son individualité», explique l’architecte d’origine colombienne.

Enjeux actuels

L’exposition Réinventons la ruelle! se distingue aussi par les préoccupations environnementales de ses exposants. Pour Gagné, si «la densification urbaine est souhaitable, elle doit être accompagnée d’un verdissement de l’architecture – à l’aide de toits verts, par exemple –, pour s’assurer d’une bonne qualité de l’air». Sergio Clavijo espère, quant à lui, que les architectes utilisent davantage de matières recyclées dans leur design. «Cela donnerait une deuxième vie à des objets qui sont déjà imprégnés d’une merveilleuse histoire.»

Quel devrait être le rôle de l’architecte moderne? Gagné souhaiterait voir son ordre professionnel s’attaquer à des projets d’envergure plutôt qu’à des bâtiments isolés. «Trop souvent, on fait appel aux architectes alors que les grosses décisions ont déjà été prises, et ils sont  obligés de faire de leur mieux pour limiter les dégâts. Il existe des alternatives. Prenons par exemple New York, où des architectes ont été impliqués dans l’élaboration du zonage de la ville. Ces architectes ont eu beaucoup plus d’influence sur l’âme de la ville qu’ont pu avoir les architectes de projets individuels comme le Rockefeller Center ou l’Empire State Building.»

 

Exposition Réinventons la ruelle!
Jusqu’au 20 décembre
Maison de l’architecture du Québec | 181, St-Antoine O.
maisondelarchitecture.ca

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