Qu'on se le tienne pour dit: les années 60 ont la cote ces temps-ci. Et non, ce n’est pas le pur fruit du hasard. Regardez un peu autour de vous, et vous remarquerez que la pop-culture alimente très bien cette fausse mélancolie. Sur la pellicule cirée des magazines, Lara Stone a remplacé Brigitte Bardot comme égérie de beauté. Chez le coiffeur, on exige désormais le pixie en citant Edie Sedgwick comme exemple.
Dans nos fantasmes, Don Draper prend les commandes tel un Mad Man en puissance, pendant que son acolyte fictive Joan Holloway, alias Christina Hendricks, remet le hourglass shape à la mode sur le tapis rouge. Vous voyez? Une roue qui tourne, je vous dis. Tout ce qu’il manque pour compléter le portrait, c’est une série qui fait l’apologie de ces années de gloire à travers l’expérience des femmes. Qui plus est, à travers l’expérience des hôtesses de l’air de la mythique compagnie d’aviation Pan Am. Merci, show business.
Alors que la première émission de la série Pan Am a été présentée dimanche soir sur les ondes canadiennes de CTV, on a pu y suivre quatre hôtesses de l’air en action à bord du premier vol New York – Londres du Clipper Majestic. Malgré sa maigre apparition, Christina Ricci tient la vedette du show, si ce n’est que parce que c’est la seule actrice vraiment connue du casting. Son personnage, Maggie, est la plus expérimentée (et la plus rebelle) des hôtesses, et monte à bord à l’improviste lorsqu’une de ses collègues manque à l’appel. S’ensuit Kelli Garner (Lars and the real girl, Aviator) dans le rôle de Kate, une jeune hôtesse ambitieuse qui effectue sa première mission au nom de la CIA (rien de moins), et Margot Robbie, alias la beauté classique Laura, qui décide de suivre les traces de sa sœur Kate pour s’émanciper. Jalousie fraternelle dans les parages…
Le Québec a même droit à ses deux minutes de gloire, grâce à la last but not least Colette Valois, interprétée par notre Karine Vanasse nationale. Oui, il semblerait que l’actrice joue désormais de l’autre bord de la frontière… pour y interpréter une Française. Je ne suis pas du tout convaincue que Karine Vanasse ait quoique ce soit de français (certainement pas son accent en tous cas), mais bon, pour les Américains, c’est du pareil au même, et son personnage de croqueuse d’hommes est sans doute le plus divertissant. De plus, c’est bien la seule du quatuor qui a réussi à extirper une émotion du téléspectateur durant le pilote, alors R.E.S.P.E.C.T.
Soyons honnêtes, Pan Am est avant tout un soap américain bien gras qui vise le divertissement. Jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu de véritable effort d’analyse des rapports de genre de l’époque. Sans compter que la facture visuelle très moderne ne colle résolument pas au contexte de l’émission, et j’éviterai d’élaborer sur les mélodies mélodramatiques…
Mais bon, après tout, la compagnie Pan Am était aux 60s ce que l’émission Pan Am est aux années 2000: un marchand de rêve. Et comme la roue ne tourne pas toute seule, on pourra continuer de fantasmer le coeur léger sur cette décennie magique à travers les aventures de ces charmantes hôtesses de l’air en costume bleu.
Sur ces réflexions, je vous abandonne aux notes de Serge Gainsbourg, qui fait l’éloge (de bien meilleur goût) du Pan American Building dans son hymne New York USA, circa 1964.
Pan Am
Dimanche à 22h
CTV.ca