J'suis vraiment du genre rabat-joie quand je passe sur Ste-Catherine et qu'un groupe d'idiots bloque la circulation pour le bachelor party d'un gars déguisé en Fée Clochette, rouge à lèvres inclus. Je ressens du mépris pour ces gens et les inconnus autour qui y participent. Esti qu'vous êtes pas drôles.
Ça, c'est un peu parce que je suis un ado de la génération Dollaraclip.
Je suis né en 1984, c'qui veut donc dire que de 1997 à 2003, j'étais officiellement adolescent. Ça sous-entend également que pour moi, tout ce qui est conçu pour attirer l'attention a de fortes chances de ne plus me faire rire. Pour nous, génération Dollaraclip, quelqu'un qui se dandine comme un épais sur la place publique, ça nous donne surtout des frissons de honte dans le dos. On a vieilli avec l'absurde, le kétaine, l'inusité, l'autodérision et l'ironie ce qui fait qu'aujourd'hui, on est blasés. Ça nous prend plus que juste "être game" pour être impressionnés. Parce que nous, "être game", on en a surconsommé.
Avec Louis-José Houde et Mike Ward, on a vite fait le tour de la coupe Longueuil, la moustache, les mauvais vidéoclips (D-Natural), pis le chandail de loup. MC Gilles est arrivé au bon moment, mettons. Entre-temps est apparu le phénomène Jackass, qui lui est venu banaliser les conneries en public et l'autodérision/mutilation. J'veux dire, c'est crissement pu drôle, voir un dude courir en G-string en pleine rue, sur l'heure de pointe.
Ça, c'est sans compter le Star Wars Kid, un des premiers memes ever, qui a donné naissance à l'autodérision sur le web. Le Roi Heenok aussi. Je ne peux passer à coté de Dave Mirra et Tony Hawk qui nous ont influencés dans notre jeu "aller-trop-loin-pour-le-LOL". Mais avant tout ça, y'a Bruno Blanchet, avec qui tout a commencé.
C'pour ça qu'aujourd'hui, on veut du contenu, de l'effort, une recherche. On en a eu assez de la facilité. Les humoristes comme Jean-Michel Anctil qui se contentent de se déguiser en femme pour embrasser un autre humoriste au plus grand étonnement de leur public de matantes, nous, on s'en câlice. On l'a vu, revu, fait et refait. En pire, même. Step your game.
Je déteste.