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Pop Montréal jours 4 et 5: Patrick Watson, Think About Life et les instants sacrés
Crédit: Cindy Boyce

Particulièrement remplies, les deux dernières journées de Pop Montréal n’ont laissé que peu de temps pour les comptes-rendus. Non seulement la fatigue commençait à se faire sentir, on a aussi hypothéqué les réserves d’énergies avec quelques after-partys samedi soir et un avant-party dimanche. Fiou.

Samedi, ça se passait surtout au nord de Fairmount. Qu’importe que j’aie vu Canailles deux semaines auparavant au FME de Rouyn-Noranda: le groupe se produisait cette fois dans l’antre toute de bois garnie de la Fédération ukrainienne, une acoustique qui promettait de bien aller au septuor. Comme de fait, ça sonnait comme une tonne de bûches et le public de Marie-Jo Thério a répondu au bluegrass bluesy et francisé du groupe avec une ovation debout.

Je retiens aussi le retour de Redd Kross, un peu plus tard au Rialto. Les frères McDonald ont beau avoir maintenant 48 et 44 ans, ils pourraient faire la leçon à bien des rockeurs qui ont la moitié de leur âge. Ils ont encore la voix claire, le mouvement alerte, le jeu percutant… À défaut d’avoir joué une importance capitale, leur power-pop ne se démode pas.

Ce qui n’est pas nécessairement le cas des Sexareenos, qui ont rempli l’Église Saint-Édouard lors du party de fin de soirée pour leur premier concert montréalais en dix ans. La défunte formation a beau faire partie de la royauté de la scène rock montréalaise, son punk n’roll semble aujourd’hui un peu figé. Le concert était amusant, mais BBQ et Choyce (maintenant de Red Mass) font de la musique plus intéressante dans leurs projets respectifs aujourd’hui.

Plus tard dans la nuit, la formation brésilienne Holger a donné un concert impromptu lors d’un after-party dans le Mile-End… Son mélange d’indie-rock et de rythmes brésiliens compte parmi les belles découvertes du festival. Le groupe a même joué «Hey» des Pixies à sa manière, avec envolée de percussions tribales et tout. Pas banal.

Le jour du ça bat
Le lendemain, la seconde édition du concert d’après-midi Dimanche sacré, organisé par Patrick Watson, Li’l Andy et leurs amis musiciens, avait tout ce qu’il fallait pour bien récupérer de la veille. Pourtant pas fan du sieur Watson, j’ai été saisi par sa reprise inattendue et riche de la berceuse galloise «Suo Gân», en compagnie de Joe Grass au lapsteel et du guitariste Brad Barr.

La présence du musicien indien Babukishan Das Baul est venue ajouter une touche de mysticisme, d’exotisme et de surréel à l’événement consacré à la musique sacrée, tandis que Li’l Andy a pris part à diverses chorales, incluant une version de sa chanson gospel «Jesus Met a Woman at the Well». Le tout s’est terminé avec une reprise collective des artistes et du public d’«Amazing Grace». Sans doute le concert le plus agréable, reposant et agréable de Pop cette année.

Capitaine Crochet
Beaucoup moins agréable fut le concert de Peter Hook & The Light, axé sur l’intégrale de l’album Unknown Pleasures, plus tard au Club Soda. On savait que l’ex-New Order et ex-Joy Division jouerait les chanteurs avec un talent approximatif (on peut le voir à l’œuvre sur le DVD de New Order, Live in Glasgow), mais on espérait tout de même savourer son jeu de basse si caractéristique. Or, le vieux mal commode a à peine touché son instrument, même s’il le portait au cou. C’était plutôt son fils, bassiste à ses côtés, qui jouait la plupart de ses parties. Une vraie farce au détriment des fans du musicien et des deux groupes majeurs dont il a fait partie.

Heureusement, le dernier concert de fin de soirée à l’Église Saint-Édouard assurerait un dénouement plus positif au festival. Phi Slamma Jamma, le premier groupe au programme, n’était nul autre que Richard Reed Parry, Tim Kingsbury, Jeremy Gara et Will Butler d’Arcade Fire en formule cover band. Suivant la brève rumeur, répandue en début de soirée, voulant que ce soit le populaire groupe qui donne un show secret, quelques mines dans la salle semblaient déçues, mais après cinq jours de musique «sérieuse» et de course contre la montre, il faisait bon s’amuser avec les stars au son de titres des Clash, Everly Brothers et des Beatles sans autre destination à l’horizon que le bar au fond de la salle.

S’ensuivrait un mini-rave de 15 minutes de Born Gold, ponctué d’éclairages ridicules et de danse avec un tas d’objets incongrus, puis un set de fermeture vivant à souhait de Think About Life (en photo), qui ne s’était pas produit à Montréal depuis plus d’un an. Le public a accueilli son retour avec de la danse, des sourires et du crowd surfing. Une rumeur voulait qu’il s’agisse là du dernier concert de la formation indie-funk, mais interrogé sur la question, le gérant du groupe l’a démentie.

Ainsi s’est achevée la dixième édition du festival le plus exigeant, mais sans doute aussi le plus satisfaisant en ville. Si on a débuté Pop en déplorant l’absence de gros noms (hormis Arcade Fire), l’abondance et les surprises ont encore une fois amplement compensé pour l’absence de glamour.

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