Pour son retour au théâtre, après «quelques années d’égarement télévisuel», François Létourneau nous entraîne dans une histoire tordue, tordante et tendre. Une histoire qui parle de sexe… non, qui parle d’amour… non attendez, qui parle de solitude. Bref, qui parle un peu de tout cela à la fois.
Ce délicieux délire commence avec la montée sur scène de Frédéric Blanchette, également metteur en scène du show, qui se présente comme étant… François Létourneau. Après une mise en contexte politico-historique, le pseudo-Létourneau nous explique qu’il a entretenu une correspondance épistolaire passionnelle avec Jenna Bush. Une Jenna qui, sous la plume du scénariste, devient une véritable petite co…hmm, coquine. Miss Bush a transmis à son correspondant, sur lequel elle fantasme sans pudeur et sans cesse, des documents super top secrets renfermant des informations incroyables sur les habitudes maritales, extraconjugales et autres d’une multitude d’Américains moyens et, incidemment, de plusieurs personnages politiques célèbres. Wow. Tu parles d’un heureux hasard, toi.
La fin de la sexualité nous entraîne donc sur les traces de ces documents et des personnages qui y figurent… Et c'est là que la vérité éclate. Car, dans la Maison-Blanche de Létourneau, Bush père sacre comme un charretier, enchaînant des chapelets de tabarnak et s’énervant contre ce mal nommé «Dick! Dick! Dick!» Cheney. Ronald Reagan est, quant à lui, un obsédé de films poches qui affirme que Daryl Hannah dans Splash, il la «fourrerait même en demi-poisson». Nancy Reagan, elle, porte des bobettes de la taille d’un camping-car et aime les p’tites vites non-conventionnelles.
Patrick Drolet et Catherine-Anne Toupin // Crédit: Marc-André Roy
Mais attention, les spectateurs ne sont pas que de vulgaires voyeurs, oh que non. Après tout, ils ont été choisis pour participer à cette expérience car leur sexualité a été jugée «erratique, chaotique, sporadique, voire totalement inexistante». Ils sont là pour sauver leur pays, rien de moins. L’heure est grave, car la qualité du sperme du mâle américain a drastiquement baissé. «Holy fuck», se serait d’ailleurs exclamé Reagan en entendant cela.
Outre les acteurs politiques, des intervenants, identifiés par des numéros, viennent confier leurs soucis sexuels, comme par exemple cette femme révulsée par la mauvaise odeur chronique de l’organe génital de son lover. Sur l’écran placé à l’arrière de la scène, des images de circonstance sont projetées tout au long de la pièces : les vraies photos des personnages personnifiés, l’entrejambe fraîchement épilé de la femme de John Poindexter… Il convient aussi de mentionner les accessoires utilisés de façon purement ingénieuse, tels ces ballons mauves qui créent tout de suite une ambiance festive à la Maison-Blanche ou cette bedaine massive sur laquelle Patrice Robitaille pose sa tasse de café. So american.
Portée par une distribution cinq étoiles (Émilie Bibeau, Catherine-Anne Toupin, Patrick Drolet, le vrai François Létourneau, Robitaille et Blanchette), La Fin de la sexualité s'avère une réussite. Les répliques sont bien envoyées, le concept bien exploité et les gags bien ficelés. Ah, on l’aura longtemps en mémoire, cette finale digne d’une grandiose romance étatsunienne, qui se déroule comme il se doit, sous une pluie déchaînée de feux d’artifices…!
La fin de la sexualité
Jusqu'au 4 novembre
Du lundi au jeudi à 19h et les vendredis à 20h
La Petite Licorne | theatrelalicorne.com