Il n'y aura pas d'animaux en cage, de dompteurs de lion ou autres créatures étranges à Zoo 2011. Vous ne trouverez pas non plus de nu-vites, des freaks de service ou des performances choquantes pour vous en mettre plein la vue. Oh que non! Zoo, le nom d'une pièce-événement réalisé en 1977 au Nouveau Théâtre Expérimental, n'est en fait qu'un prétexte pour explorer aujourd'hui de nouvelles avenues au théâtre. C'est donc dans un esprit horizontal, de création démocratique que les deux instigateurs, Gaétan Nadeau et Rodrigue Jean, ont invité à leur processus créatif un philosophe maison, Erik Bordeleau, ainsi que la conceptrice sonore Nancy Tobin et le scénographe Simon Guilbault.
«On a parlé, discuté pendant des mois. On a échangé des textes. Et on a réalisé que ce n'est pas les personnes qui nous intéressaient, mais des pratiques ou des loisirs urbains de la vie privée qui échappent au contrôle et qui demande un soin particulier. En les exposant, en les réunissant, nous créons des liens, nous créons une communauté. Et ça, ça devient un geste politique. À une époque où la classe moyenne disparaît, que le travail et les existences sont précarisés, qu'est-ce qui pourrait être une communauté à venir? Nous posons ouvertement la question car pour l'avenir nous allons devoir créer des solidarités.»
C'est donc au sein d'un parcours libre où le spectateur (émancipé) observera en toute intimité ces différentes pratiques – gardées jusqu'à présent secrètes. Il n'y a ici aucune scène ou mise en scène du spectateur, aucun comédien professionnel, aucune obligation ou marche à suivre recommandée. Rodrigue Jean et Gaétan Nadeau se distancient du théâtre plus traditionnel à la Molière afin de, peut-être, qui sait, susciter une plus grande réflexion sur la vie d'aujourd'hui. Au bout de la salle, un bar permet de s'abreuver, de discuter, de prendre un temps pour soi, et même, de lire les multiples documents qui ont inspiré la création de Zoo 2011.
On pourrait évidemment se demander si cette proposition est théâtrale. Pour Gaétan Nadeau et Rodrigue Jean, cette formule proposée s'inspire du théâtre grec qui offrait un questionnement sur vivre ensemble. «Comme le théâtre grec, nous voulons ici poser des questions de société. À l'Antiquité, la tragédie servait à débattre des enjeux sociaux du moment. On ne peut imaginer, je crois, l'intensité de l'agora. Alors oui, Zoo est encore du théâtre dans ce désir de se questionner. On se pose toutefois à l'extérieur du spectacle, des discours binaires spectateur-non spectateur, d'auteur de génie, de metteur en scène roi. Tout ça est usé à l'os tout comme les discours sociaux de nationaliste-fédéraliste, d'immigration-non-immigration. Ces discours ne servent à rien aujourd'hui. Nous, on désire ouvrir des pistes de réflexion en espérant y découvrir de nouveaux vecteurs d'action.»
ZOO 2011
Du 11 au 29 octobre
Espace Libre
nte.qc.ca