Camille Claudel et Auguste Rodin, c’est une histoire d’amour passionnelle. Rodin/Claudel, le ballet qu'a créé le chorégraphe ontarien Peter Quanz pour les Grands Ballets Canadiens de Montréal explore néanmoins cette relation houleuse avec lenteur et une certaine sérénité.
Autour des deux amants gravitent la femme de Rodin, le frère de Camille et des gens très bien. Le plus intéressant pourtant, ce sont ces sculptures vivantes: les hommes portent un slip couleur chair, les filles, qui dansent en demi-pointes, un deux-pièces de la même teinte. Parfois touchées et modelées par les deux artistes, elles s’animent ou prennent la pose. Peut-être est-ce dû aux affiches promotionnelles qui tapissent la ville, mais on s’attendait à des «statues» maquillées en bronze, plutôt qu’à ces personnages tout de beige vêtus. Pour vraiment aller jusqu’au bout de l’idée, on aurait bien enlevé ces maillots, histoire de réellement avoir l’impression de voir des œuvres d’art s’animer devant nos yeux. Après tout, Rodin ne sculptait pas des modèles en slip…
Au fil des deux actes du ballet, chaudement applaudis par la salle, on suit le couple, leur relation, leurs travaux, leurs conflits. La musique, interprétée en direct par l’orchestre des Grands Ballets Canadiens sous la direction du chef Allan Lewis, mêle celle de Roussel, de Ravel, de Debussy et de Schnittke. Les Chemins de l’amour de Francis Poulenec et Je te veux d’Erik Satie, deux pièces qui se font également entendre, donnent pour leur part un cachet vieillot et romantique à l’ensemble.
Le second acte, plus mordant, nous présente le moment culminant de l’histoire. Celui de la crise de rage de Camille Claudel, vêtue ici d’une robe rouge éclatante qu’elle retire pour se retrouver en jaquette blanche, le crâne rasé, internée par un médecin et deux infirmières en chapeaux blancs déconstruits et gigantesques qu’aurait bien pu dessiner Jean Paul Gauthier. Ces coiffes, imaginées par le scénographe et concepteur Michael Gianfrancesco, constituent l’élément le plus éclaté de ses costumes, autrement assez sobres.
La création de Peter Quanz, plus douce que passionnelle, plus romantique que folle, présente la relation toxique des deux artistes de génie sans son côté subversif, avec délicatesse presque. Une belle vision de cet amour historique qu’on aurait toutefois préférée plus virulente.
Rodin/Claudel de Peter Quanz
Les 20, 22, 27, 28 et 29 octobre à 20h
Théâtre Maisonneuve de la Place-des-Arts
grandsballets.com