Deux langues et deux metteurs en scène. L’École nationale de Théâtre s’offre un beau casse-tête bilingual pour souffler les bougies de ses 50 années d’existence. Entre traduction, critique et société, les finissants de l’ÉNT mélangent théâtre et nouvelles technologies pour vous présenter En français comme en anglais, It's easy to criticize.
Librement inspiré d'un texte de Jacob Wren, le sujet de la pièce est la pièce elle-même. «À mi-chemin ente le théâtre et la réalité, c’est plus un événement qu’une pièce de théâtre classique, explique le directeur de l’École, Simon Brault, la pièce montre que l’objectivité est une illusion en traduction; on change le sens, on interprète. Par exemple, l’expression "I love you". Est-ce que j’aime le groupe? Est-ce que j’aime la personne? C’est un élément de la pièce qui est amusant, qui porte à réfléchir.»
Critically correct
Qu’est-ce que la vrai critique? On a eu l’impression d'être sur un banc d’école lors de la conférence de presse de l’ÉNT: les acteurs ont analysé le terme à l’aide d’une présentation PowerPoint dans un extrait de la pièce qu’on pourrait qualifier de très… contemporaine! Sur la scène, on a vu un homme masqué qui filme tout autour de lui, un qui fait des altères en bobettes et un petit roux qui danse sur une passerelle centrale qui traverse la salle. À travers cette production, les finissants de l’ÉNT relèvent un double défi: créer la pièce tout en utilisant leur propre identité comme personnage.
En plus de décortiquer le verbe critiquer, la pièce initiale de Jacob Wren est très critique envers la société. L’interprétation des étudiants continue en ce sens. «L’économie dérape, l’environnement est menacée. On discute de tout ça dans la pièce, lance Simon Brault. On donne la parole aux jeunes qui feront le théâtre de demain.»
Finito le 4e mur, les spectateurs font parti du spectacle. Les acteurs les interpellent en personne ou à l’aide d’une caméra. Ainsi chaque spectacle sera unique, selon la réaction du public. Les nouvelles technologies sont utilisées de manière aussi importante pour la première fois dans l’histoire de l’école, selon M. Brault. «Les nouvelles technologies peuvent et doivent devenir des matériaux pour le théâtre. Dans cette pièce, le décor devient un lieu de projection», explique-t-il.
SOS unilingue
Can’t speak french? Vous ne comprenez pas l’anglais? Peut-être que la finesse de l’humour qui joue sur les glissements de sens que la traduction entraîne vous échappera quelques fois, mais ce n’est vraiment pas nécessaire d’être bilingue selon le directeur: «francophone, anglophone ou bilingue: tout le monde peut suivre la pièce!»
La question de la langue passe de ludique à politique sous l’œil de l'un des deux metteurs en scène Chris Abraham: «La pièce nous permet de comprendre et d'approcher l'Autre et incarne un genre de défi national».
En français comme en anglais, It's easy to criticize
Monument National | 25 au 30 octobre | 9$