Avec ce coup d’envoi, les Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal sont en mission séduction. Le cinéaste Frederick Wiseman vous donne un accès exclusif aux plus beaux numéros de danse nue au monde en passant par les coulisses du cabaret parisien Crazy Horse. Comme quoi, sex sells…
« Le documentaire, c’est comme le petit frère de la fiction, celui avec qui on ne veut pas jouer », reconnaît la directrice générale des RIDM, Roxanne Sayegh. Pourtant, les employés du Crazy Horse ont des caractères explosifs. On dirait des personnages qui débarquent d’un plateau hollywoodien: le chorégraphe tiraillé entre créativité et rendement, son directeur artistique complètement imbu de lui-même qui définit son amour pour ce cabaret comme étant obsessionnel, la costumière avec son petit look marinière sage et le nœud rose dans sa coiffure blonde platine… Cette incursion dans leur quotidien est aussi palpitante qu’une fiction tellement elle détonne de n’importe quelle routine monotone.
Au Crazy Horse, érotisme rime avec art et le corps de la femme est sublimé sur scène. Le résultat est saisissant : les effets de lumière sur la peau transforment deux femmes en panthères, l’utilisation du miroir multiplie les jambes écartées… On en oublie la multitude de seins nus tellement la qualité du travail et l’originalité des techniques impressionnent.
Moment cocasse, la couturière explique patiemment à une danseuse qu’elle ne mettra pas sa jupe brillante préférée car le tissu capte trop la lumière et lui fait des fesses osseuses, alors que l’effet recherché est rebondi lorsqu’elle se cambre. Parole d’expérience.
Le directeur artistique aime répondre aux journalistes, c’est même interminable lorsqu’il se lance. Par exemple, il souligne l’importance des complexes chez la femme car une beauté parfaite dès la naissance ne brillera pas autant sur scène qu’une femme qui a du élaborer des stratégies pour contrer son «handicap». C’est peut-être ce genre de propos qui a motivé une spectatrice à hurler «SEXISTE!» à la fin de la projection.
Ce documentaire vous invite dans la course folle qui précède le lancement d’une nouvelle saison, de l’audition des girls au stress du numéro final, en passant par la pression des actionnaires sur le chorégraphe. On remarque la présence inusitée de Phillippe Katerine lors de l’enregistrement de la trame sonore du dernier numéro, qui nous reste en tête à la sortie de la salle: Tout Paris est au Crazy et le Crazy c’est tout Paris… Les girls du Crazy ont le goût du champagne…
Crazy Horse
Deuxième projection: 12 novembre à 17h30 | Cinémathèque Québécoise | 335, de Maisonneuve E.
Leçon de cinéma : Frederick Wiseman
13 novembre à 11h | Cinémathèque Québécoise
Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal | ridm.qc.ca