Il n’y pas si longtemps, les frères Brad et Andrew Barr étaient encore d’illustres inconnus à Montréal.
Depuis deux ou trois ans, toutefois, ils sont difficiles à manquer. Andrew a accompagné la regrettée Lhasa à la batterie, Brad, Marie-Pierre Arthur à la guitare. Tous deux diplômés de l’école de musique Berklee et rompus à l’improvisation durant leurs quinze années au sein du combo free-rock The Slip, les frères Barr se sont imposés par leur virtuosité mesurée à leur instrument respectif, de même que par une grande polyvalence qui leur permet d’aller du rock au folk en passant par le blues, le jazz et les musiques africaines.
De premières parties en participations aux M pour Montréal et autres Pop Montréal, c’est aussi ce qui a fait la marque de leur projet principal, The Barr Brothers. Si bien que le lancement entièrement indépendant de leur premier album éponyme, à pareille date l’an dernier, relevait de l’absurdité. En septembre, le label Secret City (Patrick Watson, Plants and Animals, etc.) a remédié à la situation en rééditant l’opus en version remastérisée, avec une pièce réenregistrée. «C’était un peu le plan de laisser l’album faire son petit bonhomme de chemin, commente Brad. On sentait que ça marcherait éventuellement avec Secret City, qu’il fallait simplement les laisser mijoter un peu.»
Pari gagné
Six ans après avoir laissé Boston pour s’installer à Montréal, Brad peut maintenant dire qu’il a fait le bon choix. «C’était un saut dans le vide. Andrew est arrivé quelques mois avant moi pour suivre une fille. J’ai senti qu’il y avait un potentiel humain et musical dans cette ville, raconte Brad. Puis, avec ma guitare acoustique, je me suis mis à composer des chansons qui exprimaient le dépaysement que je ressentais.» On connaît la suite: les sonorités angéliques qui émanaient de l’appartement voisin de celui de Brad étaient celles de la harpiste Sarah Pagé, qui ne tarderait pas à entrer dans l’équation.
La première version des Barr Brothers sera cependant largement instrumentale. «À la base, je ne suis pas un chanteur. Il m’a fallu du temps avant de pouvoir prendre ce rôle». C’est cet apprentissage continu qui lui permet aujourd’hui de ressasser des morceaux vieux de plusieurs années avec un certain plaisir. Outre l’année écoulée depuis la première parution de l’album, son enregistrement s’est en effet étalé sur trois ans. «Dans notre tête, nous n’étions pas en train de faire un album. Nous enregistrions pour le plaisir en apprenant l’art de l’ingénierie sonore au fur et à mesure. Ce n’est qu’après deux ans et demi que nous avons réalisé que nous tenions quelque chose.»
De tous les ingrédients qui forment la musique des Barr Brothers, la musique africaine est sans doute le plus inusité. Ça n’est pas un hasard si le groupe le maîtrise si bien. «Notre père dentiste avait un client malien tellement heureux de ses services qu’il a offert un cours de percussions à Andrew. Sarah a aussi étudié la kora africaine», explique Brad. «C’est vraiment la base de toute la musique moderne. Quand nous en intégrons à nos chansons, c’est une façon pour nous d’approcher le hip-hop, le delta blues, le jazz et même le folk d’un autre angle.»
The Barr Brothers
19 novembre | Métropolis
avec Ariane Moffatt, Galaxie, Karkwa, Marie-Pierre Arthur et Random Recipe
dans le cadre de M pour Montréal
thebarrbrothers.com