Premier Gala des arts visuels au Québec: un milieu dynamique qui a besoin de vedettes et de crises de larmes
Sarah LévesqueLa télévision, le cinéma et la musique ont tous leur gala, leurs soirée de célébration qui se distingue par ces remises de prix et tenues vestimentaires hors de l'ordinaire, mais aussi par ces crises de larmes et ces discours parfois mémorables. Bien qu'on aime les haïr, les galas ont la cote. À cette liste de soirées rassembleuses, il faudra ajouter maintenant le premier Gala des arts visuels qui sera animé par Emmanuel Bilodeau, ce 13 décembre prochain au Théâtre Rialto. Derrière cette initiative se trouve l'AGAC, l'Association des galeries d'art contemporain, qui désire ainsi réunir le milieu, c'est-à-dire artistes, commissaires, galeristes et journalistes. Rhéal Olivier Lanthier, président de l'AGAC, mais aussi co-directeur de la galerie Art Mûr, explique pourquoi le domaine des arts visuels avait tant besoin de son gala.
Un gala dans le domaine des arts visuels, c'est une première. Elle est venue d'où, cette idée?
Rhéal Olivier Lanthier: Au Forum sur les arts visuels qui avait lieu en 2006, on avait demandé aux participants, aux gens présents, de penser à des d'initiatives ou à des évènements qui pouvaient stimuler le développement du marché. De là, l'idée d'un gala a été mis de l'avant. Tous les autres domaines de la culture, que ce soit la littérature, la musique ou le théâtre, ont ce genre de soirée qui souligne la performance et la qualité des œuvres présentées au cours d'une année. Cela a pris quelque temps pour s'organiser, trouver les bons partenaires, de mettre tout ça sur pied dans une organisation aussi vivante que l'AGAC.
Le bain // Présentée à : Diffuseur d’art, Lyon // Artiste : Olivia Boudreau // Finaliste dans la catégorie : Prix Pierre-Ayot
Le plus gros défi que vous avez rencontré?
Celui de faire un événement qui ressemble au milieu des arts visuels. Il faut sortir des formules traditionnelles des galas pour aller vers une soirée qui offre un rythme qui nous ressemble. Nous y arrivons en intégrant non seulement les peintres, mais les artistes vidéos, les artistes de la performance. Avec tout ce potentiel, on a créé, je crois, une soirée unique.
La formule, c'est…
13 catégories pour 13 remises de prix, auxquels nous avons ajouté des prix déjà existants dont l'AGAC était partenaire – le prix Louis-Comtois, le prix Pierre-Ayot et la bourse de carrière de Jean-Paul Riopelle. Deux d'entre eux étaient autrefois présentés à 11 heures du matin à l'hôtel de ville de Montréal. On aura assurément un peu plus d'ambiance.
Avec ces catégories, vous soulignez aussi le travail des commissaires, des galeristes et des journalistes. Pourquoi?
On veut être le plus rassembleur possible. En art visuel, le milieu est un éco-système. Oui, tout part de l'artiste, mais il est entouré de lieux de diffusion, de blogueurs, de commissaires. Le gala devait représenter cet équilibre nécessaire entre les différents intervenants. Je crois que l'on voit la même chose en cinéma où les artisans, les directeurs artistiques, les monteurs, les producteurs, sont aussi déterminants à la réalisation d'un film. Nous avons des prix qui touchent les meilleures expositions au sein de différents milieux (centre d'artistes autogéré, galerie privée, institution muséale, centre de diffusion). Il y a le commissaire de l'année, le blogueur de l'année, le journaliste/critique d'art de l'année, en plus d'un hommage à un intervenant du milieu.
Out Of Grace // Présentée à : Galerie Leonard & Bina Ellen // Artistes : Alexandre David, Jérôme Fortin, Aude Moreau, Yann Pocreau et Chih-Chien Wang // Finaliste dans la catégorie : Meilleure exposition – Institution muséale
Un gala est un risque. Cela fait des heureux, mais un lot beaucoup plus important de malheureux, non?
Sans risque, et donc sans gala, il y a moins de visibilité. Ce qui est certain, c'est que nous sommes attendus. Nous avons vendu tous nos billets de gala il y a déjà trois semaines. J'entends souvent le public me demander qui sont nos vedettes, les noms à retenir. Un gala dirige un éclairage sur certains artistes pour le grand public, et ça, ça ne peut qu'être bénéfique. Rien n'est basé sur l'offre et la demande en art visuel, mais plutôt sur la notoriété. Et un gala crée ce genre de prestige.
Quel est le plus grand manque dans le domaine des arts visuels au Québec?
Notre présence au sein des médias. Les arts visuels doivent être plus présents tant dans les médias écrits que dans les médias de masse, comme à la télévision. Il existe très peu de vitrines pour nous. Il faut absolument remédier à cette situation.
Tourner autour // Présentée à : Galerie Simon Blais // Artiste : Sylvie Cotton, Guy Pellerin, Jean-Benoit Pouliot // Finaliste dans la catégorie : Meilleure exposition – Galerie privée
Est-ce que l'on doit créer des vedettes comme c'est le cas dans d'autres domaines culturels?
Il existe un star système au Québec. Et on ne peut nier qu'une vedette amène un éclairage nouveau sur un milieu, génère un intérêt qui n'existait pas sur un univers. Elle devient une sorte de porte parole. C'est certain que les arts visuels bénéficieraient de ce genre de tête d'affiche.
Vos coups de cœur 2011?
La Triennale du MAC, l’agrandissement du Musée des beaux-arts de Montréal, le Mois de la photo. Dans un article, le Globe and Mail se demandait si Montréal n'était pas la capitale des arts visuels au Canada cette année, en raison de son dynamisme. Le grand public doit être au courant de cet enthousiasme, de ces initiatives. Mais, évidemment, mon plus grand coup de cœur, c'est ce premier Gala des arts visuels qui vient souligner une année complètement effervescente.
Gala des arts visuels
Le 13 décembre au Théâtre Rialto à 20h | 5723, avenue du Parc | new.agac.qc.ca/gdav2011.php