En novembre, ce géant du cinéma lançait son premier album officiel. Non pas que celui-ci soit vraiment passé inaperçu, mais on a trop peu souligné à quel point: a) il est complètement en phase avec l’esprit de ses films et b) il est diablement bon. Tout en électro-pop noire, en guitares de road movies et en batteries feutrées, c’est néanmoins la prose récitée de Lynch qui le porte et lui donne son côté décalé, lugubre et surréel. Le chant sulfureux de Karen O (des Yeah Yeah Yeahs) sur «Pinky’s Dream» rappelle le romantisme tordu de Blue Velvet ou de Wild at Heart, alors que les incantations cauchemardesques de «Noah’s Ark» et de «So Glad» renvoient non seulement à ses œuvres plus expérimentales, comme Erasherhead, mais aussi à l’univers d’un groupe qui s’est fortement inspiré de Lynch à ses débuts, soit les Pixies de l’ère Surfer Rosa. Une bien belle boucle d’un chaînon important de la culture pop et un excellent cru de Lynch pour l’écran derrière les paupières.