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Le Détesteur: le problème avec les procrastinateurs

Cette dernière fin de session, vous m'avez agressé en abusant du terme «procrastination». Avouons-le, 75% d'entre vous n'en connaissaient même pas la définition l'an dernier.

Oui, je sais, la procrastination arrive toujours au moment où l'on est tellement débordé qu'on ne sait plus par où commencer. C'est là qu'on veut respirer un peu, retrouver des éléments qui nous rappellent notre petite routine banale qu'on ne reverra pas jusqu'à la prochaine relâche. Facebook, par exemple. Pis ça tombe bien, parce que sur Facebook, on se retrouve avec plein d'autres gens en fin de session qui eux aussi prennent une pause de 5 heures pour retrouver un semblant de confort routinier.

Pis là, c'est là qu'il survient, mon problème. Vous vous rassurez entre vous. Vous le criez haut et fort dans un tweet, dans un statut. Vous en faites des billets de blogue, des vidéos. C'est ce que vous êtes devenus, étudiants en rush de fin de session, des procrastinateurs. Et vous en êtes presque fiers.

Ce n'est plus seulement «l'action de…», c'est maintenant identitaire. Comme si vous vous sentiez moins coupables de ne pas vous adonner aux tâches importantes, maintenant que vous savez que non seulement vous n'êtes pas seul dans cette situation, mais qu'en plus, on lui a trouvé un nom à cette action de ne rien crisser de bon, quand il le faudrait.

Autrement dit, plus vous vous admettez procrastinateurs, plus vous vous libérez de tout sentiment de culpabilité.

On finit tous par en être victime, à l'exception de mes collègues qui ont des jobs exigeantes en dehors des heures de cours. Chaque minute de leur vie est bookée. Pas de période morte, tout est planifié depuis des semaines. Ils ne peuvent faire autrement sinon ils n'y arriveront pas. C'est probablement le meilleur remède contre la procrastination, quand tout est structuré de force dans notre tête.

Notre détermination prend le bord dès qu'on nous laisse la lourde tâche de se faire des plans pour s'éviter ce lousse meurtrier. Une journée de temps libre, dans notre tête, peut être comparable à une immense pièce sans divisions, sans murs. On aimerait pouvoir restreindre l'espace qui nous est alloué dans le but d'être davantage productif, parce que trop de place c'est aussi propice à courir partout, sauter et faire tout ce qu'on veut finalement. On déteste devoir monter les murs de gypse nous-mêmes, ce n'est pas notre job. C'est un peu ça la procrastination, ne pas avoir envie de se structurer. Dès que l'heure est critique, plus question de toucher à Facebook, on n'a plus de temps à perdre sinon c'est l'échec.

L'an dernier, j'écrivais un billet qui démystifiait pourquoi je ne répondais plus à mes courriels, j'en faisais même l'apologie du non-répondre. Un beau texte de paresseux assumé. Depuis, j'ai décidé d'y remédier et de répondre à tous mes mails, dans le fucking immédiat. Un moment donné, on doit arrêter de tout excuser, et ce, même si on arrive à mettre les mots justes pour l'expliquer. Y'a personne d'assez occupé pour ne plus avoir le temps de répondre à un e-mail qui nécessite "oui" ou "non" comme réponse, anyway.

Je pense que vous devriez faire la même chose avec votre problème de procrastination, soyez-en moins conscients, fermez plus vos yeules et foncez davantage.

PS: Ce texte a été écrit trois semaines avant sa deadline, histoire d'être conséquent avec le propos.

Je vous déteste.

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