Nonon, je n’ai pas envie d’une orgie bareback avec 12 inconnues louches. (OK, ça dépend des inconnues.) Je m’ennuie juste d’un genre de moment.
Tu te réveilles, tu ne sais pas quelle heure il est. Est-ce que t’as assez dormi? Dur à dire. Verdict: pas assez dormi pour te lever, mais assez pour avoir envie de la fille à côté. Tu laisses glisser tes doigts jusqu’à l’endroit où c’est plus chaud; où il y des réactions. Elle se crispe au ralenti, et laisse sortir un petit son de fille endormie. Cute. Ses bras s’étirent sous l’oreiller. Son corps finit par relâcher alors qu’elle s’habitue à se faire tripoter. Tu l’embrasses entre son cou et l’épaule. C’est ton moment. Tu te glisses tranquillement par dessus son corps bouillant. T’as une main qui se fraie un chemin entre elle et le matelas pour la serrer très fort.
Et là, tu fais ce que t’as à faire, telle une grosse criss d’otarie flasque.
Ce n’est pas glam ou spectaculaire, il n’y a pas de gros setup, mais je m’ennuie de ces moments-là. Du beau, du simple, du facile. Du gros lazy sex accessible. On dénigre souvent le sexe de couple, mais il a ses avantages.
Tu ne files pas? Ta blonde peut te faire une fellation pour te remonter le moral. T’es stressé? Fellation pour te calmer. Tu prends ta douche? Fellation de douche! Bon, ok, raconté comme ça, j’ai l’air d’un ostie de paresseux, mais c’est bien, des fois, du sexe de paresseux. Du sexe machinal. Du sexe de zombie. T’es couché en cuillère, et sans même y penser, tes hanches se mettent à bouger. Tranquillement, les deux corps se mettent à se synchroniser. Et quelque chose se passe.
C’est rarement en couple que tu bats tes records d’orgasme en une nuit (parce que ton pénis est saturé), mais si ça va bien, ta moyenne par mois peut être tough à accoter.
Quand t’es célibataire, t’as la liberté, la variété, mais tu peux difficilement demander à ta sex-buddy: «Hey bébé, pourrais-tu juste venir me sucer dans la douche et retourner chez vous par après? …SVP?»
Sans compter que la liberté et la variété, c’est bien beau en théorie, mais dans le concret, les bons lovers, ça vient souvent avec une pogne. Tu te spottes une amourette parfaite, mais tu dois la partager. Tu te dégotes un mâle bien amanché, mais il n’est en ville que trois fois par année. Tu tombes sur une fellationneuse particulièrement zélée, mais ses copains viennent te tabasser et partent avec ton cash et ta montre.
Les conquêtes d’un soir ou deux, ça donne des anecdotes, ça flatte l’égo, ça impressionne les chummeys, mais ça demeure une accumulation de premières fois. Tu fais 100 fois la première étape. Ça fait la job, mais ça reste souvent du gros fourrage à calorie vide. C’est un peu comme se saouler: ça replace une fois de temps en temps, mais quand ce sont les seuls moments significatifs que t’as, le bonheur est loin.
Est-ce qu’on est obligé de se matcher pour avoir du coït de qualité?! C’est la question que tous les célibataires usés finissent par se demander.
Pourtant, on ne demande rien de si compliqué: tout simplement quelqu’un de sexy avec qui on pourrait avoir du fourrage passionné et intéressant, sans risque de s’attacher, mais avec quand même de l’affection, et qui nous sera exclusif à sens unique (pour ne pas avoir besoin de capote) et qui sera dispo n’importe quand sans qu’on soit toujours pogné avec et surtout, qu’on pourra larguer lorsqu’on aura trouvé la bonne personne.
Ce n’est pas tant demander, il me semble. Juste le meilleur sans le pire. L’amour, sans la peine d’amour. Le corps au vif, mais le cœur intact. Intact, ou juste à off.