Nos choix et prédictions pour la 84e cérémonie des Oscars

Est-ce que Monsieur Lazhar va triompher? Est-ce que le court métrage d’animation Dimanche, de Patrick Doyon, ou encore Une vie sauvage, d’Amanda Forbis et Wendy Tilby – les 71e et 72e nominations de l’ONF depuis sa fondation – sera couronné? On ne saurait vous dire, malheureusement. Mais mis à part tous les films qui ont été injustement écartés de la course cette année (Drive! Shame! Martha Marcy May Marlene!), on vous avouera que cette 84e cérémonie des Oscars s’annonce assez prévisible. Et on n’a pas besoin d’emprunter la boule de cristal à Miss Cleo pour vous confirmer 5 choses suivantes:

1. L’indignation des médias envers les pommes de terre au four…enrobées d’or de Wolfgang Puck
Oubliez les gift bags et «gifting suites» de quelques dizaines de milliers de dollars l’unité qu’on lance comme des confettis aux plus grandes vedettes, dans l’espoir qu’ils parlent aux caméras d’un produit X. Cette semaine, le chef vedette Wolfgang Puck dévoilait son menu pour le Governors Ball, qui a lieu après la cérémonie des Oscars. Les A-listers de Hollywood pourront se régaler de statuettes en chocolat, de tacos au homard et d’un escalier « tapis rouge » qui se mange avec des lunettes 3D (really?). Mais ce sont les pommes de terre enrobées d’or qui choqueront à coup sûr tous ceux qui s'indignent contre les inégalités de ce monde…

2. L’humour convenu de Billy Crystal
C’est la neuvième fois que le soixantenaire Harry (de Sally) animera la cérémonie, donc attendez-vous à des numéros «song and dance» qui épateront vos grands-parents, et des blagues qui auront tout le mordant des répliques de City Slickers. Bon, même s’il est vrai que les producteurs ont opté pour un choix sans danger aucun, on n’a qu’à se souvenir de l’ennui général, de l’anxiété et des nombreux moments étranges/malaisants de James Franco et Anne Hathaway l’an dernier, pour que leur choix nous semble plus justifié.

3. La confusion générale des présentateurs télé, qui devront se reprendre à chaque mention du «Kodak Theatre»
On les imagine déjà, tous ces présentateurs avec quatre pouces épais de maquillage et un sourire figé, les Entertainment Tonight, Access Hollywood et eTalk de ce monde, faire gaffe entre chaque pause publicitaire, avec un «coming to you live from the Kodak Theatre ». Oups! Signe d’une époque révolue, l’entreprise emblématique de l'industrie photographique a déclaré faillite l’an dernier et s’est retirée de la liste des commanditaires à quelques jours de l’événement. L’Académie préfère donc parler du «Hollywood and Highland Center», c’est-à-dire le centre d’achat qui comprend le défunt Kodak Theatre. Tout ce qu’il y a de plus glamour, no doubt. Only in L.A…

4. Oubliez de remercier le Dieu bienveillant, l’équipe de tournage du tonnerre ou la mère qui a toujours conduit l'autre à ses cours de théâtre – Harvey Weinstein va tous les planter
On l’a vu aux Golden Globes recevoir une pluie d’éloges des plus grandes vedettes – Madonna l’a surnommé «the punisher», le producteur français de L’Artiste l’a désigné «the boss», tandis que pour Meryl Streep, c’était simplement, en toute humilité, «Dieu». Celui qui a cofondé (avec son frangin) le distributeur Miramax en 1979 est responsable du parcours de plusieurs films en lice cette année: My Week with Marilyn, W.E., The Iron Lady, The Artist. Et dans le milieu du cinéma, l’appellation divine serait à peine exagérée, surtout en tenant compte de son plus récent exploit: investir considérablement dans la mise en marché d’un film muet, français, avec zéro grande vedette, et en faire le film favori de la course aux Oscars, avec 10 nominations et la quasi certitude de rafler le plus gros prix. Peu importe ce que l’on dira de ses manœuvres d’intimidation dignes du Godfather et de son agressivité légendaire, chapeau.

5. Le manque total de crédibilité de l’Oscar pour la meilleure musique de film
Mary J. Blige, Elton John, Elvis Costello, Chris Cornell et bon nombre de compositeurs américains ont vivement dénoncé le processus de sélection qui aboutit aux (deux!) chansons mises en nomination dans cette catégorie (cet article de National Public Radio résume bien la polémique.)

Parmi 39 chansons éligibles au prix (dont «The Living Proof» de Mary J. Blige, «Masterpiece» de Madonna et «Hello Hello» de Elton John), seules deux chansons ont été retenues par l’Académie: «Man or Muppet» (The Muppets), et «Real in Rio» (Rio). Inutile de vous dire que ça fait dur. Et l’Académie a retiré les perfos du gala, sans doute pour éviter le déluge de critiques assassines pour ces deux choix…pour le moins douteux de ses membres. On entendra beaucoup parler d’un processus qui doit être revu – pour l’instant, une chanson doit obtenir une moyenne de 8.25/10 du comité de sélection pour faire partie des pièces en lice.

Et puisque toute la planète cinéma y va de ses prédictions, voici les nôtres:

Meilleur film
Va gagner: The Artist
Devrait gagner: Parmi ces choix? The Descendants En général? Melancholia
What were they thinking?: Extremely Loud & Incredibly Close

Meilleur réalisateur
Va gagner: Michel Hazanavicius, The Artist
Devrait gagner: Martin Scorsese, Hugo

Meilleure actrice
Va gagner: Viola Davis, The Help
Devrait gagner: Meryl Streep, The Iron Lady

Meilleur acteur
Va gagner: Jean Dujardin, The Artist
Écarté de la course? Michael Fassbender, Shame

Meilleure actrice dans un second rôle
Va gagner: Octavia Spencer, The Help
Devrait gagner: Melissa McCarthy, Bridesmaids

Meilleur acteur dans un second rôle
Va gagner: Christopher Plummer, Beginners
Devrait gagner: Christopher Plummer, Beginners
Écarté de la course? Albert Brooks, Drive