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Retour sur le Carnaval de Rio, cette «joyeuse débauche» qui s’étale sur plusieurs jours

Chaque année, le carnaval de Rio réunit des centaines de milliers de touristes, venus assister aux défilés et à l’affrontement des meilleures écoles de samba. La ville merveilleuse se transforme alors en party géant, plusieurs jours durant. Une de nos collaboratices NIGHTLIFE.CA y était. Retour sur cette «joyeuse débauche».

 

Vendredi 17 février, Rio, 34°C. Au centre historique de la ville, les habitants de Rio et ses touristes se pressent dans les boutiques de tissus et costumes du quartier de Saara. Sur place, des dizaines d’échoppes renferment de quoi se confectionner à bas prix un fantasia (déguisement) pour le carnaval. À ma gauche, costume de Batman avec muscles en mousse, à ma droite, tissus en vrac et perles multicolores. Comment ne pas être émerveillé par ce décor, où des coiffes en plumes tombent du plafond.

 

Pendant ce temps-là, le maire, Eduardo Paes, donne le coup d’envoi des festivités en remettant les clés de la ville au Gros Momo, le roi du carnaval. Désormais tout est permis, Rio ne répond plus… de rien ! Pour preuve, ce soir-là a lieu un bloco (parade de rue); celui de –passez-moi l’expression- « la bite molle ». Des centaines de personnes se retrouvent sur les trottoirs du quartier d’Ipanema, suivant un char décoré d’un ballon phallique géant, à moitié gonflé, et accompagnant une bateria (orchestre) et ses jeunes danseuses. Au milieu des participants déguisés, accessoirisés ou à moitié nus, se faufile un homme, plateau à l’épaule proposant bières ou traditionnelles caïpirinhas, la boisson locale. Le bloco se prolongera jusqu’à l’aube, voyant ses fêtard se disperser peu à peu.

Après un réveil douloureux ou une nuit blanche, tous se retrouveront sur les plages mythiques d’Ipanema et de Copacabana. En chemin, je croise des vendeurs à la sauvette, proposant perruques, masques ou ailes de fée. Sur le sable, entre les chaises pliantes et les parasols, difficile de faire un pas devant l’autre. Malgré le brouhaha ambiant, la plage semble être restée le seul endroit non envahi par l’euphorie du carnaval. Je n’ai que 5 minutes pour fermer l’œil avant la prochaine nouba.

Ce soir, les écoles de samba la deuxième division s’affronteront au Sambodrome, une avenue de 800 mètres de long entourée de gradins et ponctuée de jurés. Les gringos (étrangers) sont les bienvenus dans les défilés pour en garnir les rangs et à raison de 130$ la participation, quand même ! Costume, chanson, répétition ; tout y est. Après 35 minutes (épuisantes) sous les projecteurs, motivés par un animateur qui y laissera sa chemise, tous se félicitent et se pressent d’ôter leurs costumes étouffants. Ces derniers seront abandonnés à même le bitume, à la sortie du Sambodrome, puis récupérés par des associations.

Il est 3h du matin mais dans quelques heures, un autre bloco attend les carnavaliers. A deux pas du quartier de Saara, des milliers de personnes, toutes déguisées, ont fait le déplacement pour suivre le bloco do Boitata.  Il n’est que 9h du matin et pourtant, la musique résonne déjà au loin et mon voisin tient une bière à la main. Avec tous ces fantasias autour de moi, je ne sais plus où donner de la tête; monsieur Blanc Neige, mademoiselle Robine Wood, douzaine de M&M’s… Cette fête à ciel ouvert, à même la rue, sort de tout ce que j’ai vu jusqu’à présent.

Ce n’est pourtant que ce soir que le carnaval battra son plein avec le défilé de la 1ère division, celle des meilleurs écoles, de leurs chars immenses et clinquants, de leurs danseuses à moitié nues et de milliers de participants. Exalté, le Sambodrome ne désemplira pas avant le dernier passage, vers 5h du matin.

Lundi, la Cidade Maravilhosa  n’a toujours pas dormi. Les blocos s’y sont multipliés avec leurs lots de surprises, comme ces policiers qui se sont prêtés au jeu en revêtant l’uniforme de leurs collègues femmes durant le service, ou ce groupe d’hommes bodybuildés déguisés en soubrettes. Seul point faible : si le carnaval permet d’employer 250000 personnes, il fait aussi les affaires des pickpockets qui n’hésitent pas à se glisser dans les blocos. Habituée, la ville de Rio a même mis en place un commissariat pour les touristes, où s’entassent passeports australiens, suisses, français ou anglais. C’est malheureusement sur cette note que je quitte la ville, sous l’œil de l’immuable Christ Rédempteur du Corcovado.

 

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