Visiblement, le débat sur la hausse des frais de scolarité dépasse les connaissances de beaucoup de monde. Moi compris, à un certain niveau, je l'avoue humblement; quand on me parle de chiffres, de dettes de l'État, j'ai d'la misère à suivre, mais j'y travaille. Par contre, j'crois que si on ne dispose pas suffisamment d'information pour débattre convenablement, on devrait faire comme on l'a fait avec la pollution atmosphérique. On (les non-idiots) a arrêté de jeter nos déchets par terre au cas où les experts auraient raison de nous répéter sans cesse que la Terre est malade. Pis en prime, on salit moins l'environnement qui nous entoure.
J'connais pas le dossier de fond en comble, pis si j'avais à justifier ma position à un pro-pollution, probablement que j'aurais l'air d'un ado attardé qui répète ce qu'on lui a dit à chaque Jour de la Terre à l'école primaire. Heureusement, ça n'existe pas des pro-pollution, y'a que des idiots cyniques tannés d'entendre parler des écolo-hippies, pour qui le débat a déjà atteint sa date de péremption depuis des lustres.
Où j'veux en venir avec cette analogie, c'est qu'tu devrais crisser ton droit d'parole en stand-by pour le moment, si vraiment, la seule raison qui t'pousse à être du bord des carrés verts (donc, CONTRE la grève) c'est ton exaspération injustifiée pour les manifs par le biais des chaînes de nouvelles en continu. Tsé, juste au cas où les étudiants avaient raison pis qu't'étais en train de nuire à quelque chose d'important.
Tu devras inévitablement te rendre compte que ces jeunes gens manifestent non seulement contre la hausse des frais de scolarité mais également pour DÉMARGINALISER le manifestant, injustement mis en marge via le cynisme anti-hippie des dernières décennies. Le manifestant, ça pourrait être toi, moi, pis pas mal tout l'monde qui aurait éventuellement envie qu'on ne le prenne plus pour un esti d'sans-dessein, quand l'occasion se présentera à nouveau.
Pis je sais que parmi ceux qui se positionnent CONTRE la grève, y'a beaucoup de gens, des ouvriers surtout, qui perçoivent l'université comme un établissement hors de leur portée et qui ont vécu plusieurs décennies dans un environnement sans diplôme, qui se sont même convaincus qu'ils se cassaient trois fois plus le cul que la plupart des citoyens, mais qu'ils y sont arrivés quand même. Cette victimisation maladive développée avec le temps les pousse à une hyper-vulnérabilité à la démagogie, entre autres, celle que nous offrent les Martineau, Dutrizac et Gendron, par les temps qui courent. Si on les écoutait, y'aurait qu'eux qui se mériteraient le droit de râler. En tout cas, s'ils voyaient déjà une forme d'élitisme et d'inaccessibilité dans l'éducation post-secondaire; la hausse des frais de scolarité ne ferait qu'augmenter ce sentiment X 46.
On va se l'admettre, plusieurs étudiants auraient pu finir par s'adapter à l'idée de payer 325$ de plus par année, comme c'est le cas de la plupart des injustices qui nous passent sous le nez. Au départ on s'indigne pas mal plus de la nouvelle que d'la problématique à laquelle on fait face, pis après, la poussière retombe pis on a déjà avalé la pilule. (Remember SOPA? Le combat n'est toujours pas fini pourtant…) Heureusement, le débat s'est avéré pas mal plus grand que ça. Même les étudiants les plus égoïstes, bien-pourvus ou pauvres se sont probablement rendus compte, en cours de route, qu'ils ne se battaient pas que pour eux, mais pour un concept idéologique, voire, pour les générations à venir. Elle se trouve là, la motivation.
Quand je vois Stéphane Gendron et sa collègue à V interrompre sans cesse Gabriel Nadeau-Dubois dans un handicap match pour s'emporter et ridiculiser son discours, j'me remémore ces paroles de Dan Bigras:
"Si je deviens nouveau con et ancien battant… Tue-moi."
Je déteste.