Aller au contenu
Lisa LeBlanc apprivoise le folk et le «regular homesick blues» sur son premier album

Télé, radio, presse écrite, web… Tout le monde veut parler à Lisa LeBlanc. Chez Bonsound, sa compagnie de disque, on n’a apparemment jamais vu un tel engouement pour un jeune artiste, avant même la parution de son premier album.

Mais bon, Lisa a un je-ne-sais-quoi qui parle à tout le monde. Au jury du Festival de la chanson de Granby, qu’elle a remporté en 2010, autant qu’à la scène indépendante montréalaise, qui l’a adoptée depuis qu’elle a quitté son village natal de Rosaireville, Nouveau-Brunswick, il y a un an. Les médias de tous genres accrochent quant à eux au charisme de la jeune demoiselle de 21 ans, ainsi qu’à son parler chiac dont on ne s’est pas lassé depuis Radio Radio.

La phase d’éclosion de Lisa LeBlanc se conclut aujourd’hui avec la sortie en magasin de son premier album éponyme, réalisé par Louis-Jean Cormier (Karkwa). Album qui se trouve d’ailleurs en écoute sur son site ou ci-dessus. 

À la veille d’un concert de lancement gratuit au Lion d’or, elle a trouvé quelques minutes dans son horaire chargé pour nous parler de tout ça.

Il paraît que t’es pas mal occupée ces temps-ci.
C’est un peu retard, mais c’est cool. C’est vraiment pas d’quoi que j’peux vraiment me lamenter de.

T’attendais-tu à ça?
Euh, pas vraiment, non. Ben, pas vraiment autant intense. Des entrevues, dans ‘vie, j’en ai fait quand même beaucoup, mais jamais autant one shot!

Beaucoup d’entrevues? Il me semble qu’il y a quelques mois, on ne savait pas qui c’était, Lisa LeBlanc.
C’était plus dans mon coin, en fait. Beaucoup plus en Acadie. J’ai joué quelques fois à l’extérieur de la province ou overseas, en Europe ou whatever. Ça me donnait pas mal d’entrevues à cause de ça.

T’as joué en Europe?
Yeah! À un moment donné, j’ai fait une résidence de création, pis après ça je suis retournée faire une tournée en duo avec Joseph Edgar. J’ai été en Afrique, aussi. Ça a été un peu une weird situation. (rires)

Qu’est-ce qui t’a amené à Montréal?
Ben exactement tout c’que j’suis en train de faire right now! En même temps, moi, j’super super jeune, j’ai juste 21 ans. C’est sûr que j’allais pas passer toute ma vie au Nouveau-Brunswick. Je voulais quand même voir autre chose. Faque c’était une bonne excuse pour déménager dans une nouvelle ville, où il faut vraiment que tu reconstruises tout. J’ai super ben fait, j’suis super contente d’avoir fait le move. So far so good! Je release l’album, y’a des bonnes réactions. J’ai pas de regrets.

Carrière mise à part, aimes-tu la ville?
Ben tsé, moi, reste que j’suis une fille de la campagne. Si tu me demandes où j’suis mieux, c’est clair que j’vais dire la campagne. Mais c’est quelque chose j’vais quand même ben m’adapter. Y’ a queq’chose de super intéressant dans c’ville-icitte. Y’a d’quoi d’vraiment cool qui existe à nulle part d’autre, pis j’trouve ça great. Mais reste que moi, j’suis une fille de l’Acadie. J’mennuie beaucoup d’chez nous. Des fois, c’est clair que j’vais m’demander: «ben voyons donc! Qu’est-ce que j’fous ici? C’est un regular homesick blues.

Est-ce que le succès de Radio Radio a été une inspiration ou une motivation pour toi?
En fait, j’suis super fière pour eux autres, mais j’ai pas fait comme: «Oh yeah! Cool! C’est des Acadiens, faque ca va etre plus facile pour moi!» Ça a comme juste adonné que j’viens de l’Acadie pis que j’ai déménagé à Montréal. Pis ça adonne que là, en ce moment, on est une couple qui s’en viennent. On est en train de taker over Montréal tranquillement pas vite! (rires) But c’est sûr que Radio Radio ont aidé parce que certains d’entre eux viennent de la Baie Ste-Marie, faque t’as vraiment entendu le plus gros des accents. Moi j’arrive, pis c’est pas aussi pire. Mais je suis pas la première non plus. Y’a quand même eu Marie-Jo Thério pis Edith Butler avant ça.

Dans ta bio tu dis que t’es tannée des «tounes de fifilles». Quand est-ce que t’as chanté des «tounes des fifilles»?
Ben, j’en ai pas chanté tant que ça. Peut-être quand j’étais plus jeune pis que j’ai commencé à faire des covers, mais honnêtement, j’ai tellement eu beaucoup d’influences masculines – j’étais vraiment une tripeuse de classic rock, pis avant, ça j’étais une tripeuse de métal, pis vraiment des affaires assez horribles. Reste que toutes les bands, toutes les frontmen, c’était pratiquement toutes des gars! J’étais en crisse qu’ils puissent jouer des affaires que les filles pouvaient pas. On dirait que ce que Robert Plant disait, ça sonnait pas aussi hot quand moi, je le disais. J’étais comme: «Câline, j’aimerais ça pouvoir écrire comme ça!» J’ai toujours eu la mentalité de ne pas vouloir que ça soit cute, de vouloir faire quelque chose de différent, assumer le fait que j’étais tomboy. Ça a comme kind of forgé ma plume.

As-tu déjà aimé Heart? C’était un bon band classic rock féminin.
Oui! Haha. Y’en a eu pas beaucoup, des chicks qui m’ont vraiment influencée, mais une autre, c’était Stevie Nicks de Fleetwood Mac. J’voulais être Stevie Nicks! C’était l’idole de ma vie toute mon adolescence. Même du stuff à Stevie qui était pas si bon, j’tripais pareil. Ça a été pas mal dans les seules chicks classic rock qui m’ont influencée quand j’étais ado.

Un soir, en concert, t’as raconté que t’avais longtemps détesté le country et le bluegrass.
Ouais! J’haïssais le country et le bluegrass avec une passion, pis j’aimais de l’haïr, parce que ça jouait tellement par che’nous. J’tais pu capable! À Rogersville (NDLR l’agglomération la plus proche de Rosaireville), si t’aimes ça, le bluegrass, fine! Mais quand t’aimes pas ça, calvaire que la vie est dure! Tout l’monde en joue, tout l’monde écoute ça. C’est quand même une grosse culture. Moi, j’étais zéro là-dedans, même que ça me pissait off, parce que le monde était trop closed minded par rapport à autre chose. La musique francophone, dans ma tête, c’était du bluegrass. Pour most du monde, c’était pas bon, d’la musique francophone. À un moment donné, j’ai découvert les groupes ben qu’trop nice du Québec, pis là, j’étais comme: «ben là! Le monde sont donc ben niaiseux!» J’comprenais pas pourquoi le monde était pas ouvert à toute cette culture-là.

Comme quoi, genre?
Ben moi, j’ai commencé en écoutant Daniel Bélanger pis Jean Leloup. C’est comme mes deux prime exemples. J’étais comme: «ben voyons donc que vous connaissez pas ca!»

Ah oui? Les gens ne connaissent pas ça chez vous?
Non, pas vraiment. Nous autres, la musique francophone, c’est surtout du country. Y’a du stuff local qui va jouer, le monde va connaître les noms de che’ nous, mais le Québécois, ça joue pas ben ben. C’est vraiment plus dans l’nord de la province que les gens connaissent ça.

Commet t’as redécouvert le country et le bluegrass?
Quand je suis parti du Nouveau-Brunswick. Le homesick blues amène que tu te surprends à écouter du Cayouche, pis à triper parce que ça vient de chez toi, pis t’es fière, pis tu trouves ça drôle. Pis à un moment donné, tu te rends compte que… CRISSE! FUCK! (rires) CHU DANS ‘MARDE! J’ai bitché 18 ans de ma vie pis là, j’tripe! J’ai trop d’explications à donner à trop de monde. Toute ma famille était comme: «Ben voyons! Cayouche, t’as toujours haï ça, pourtant!» (rires)

Ton album a été réalisé par Louis-Jean Cormier, qui n’est pas le choix évident quand on fait du folk. Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir travailler avec lui?
En fait, moi, ce qui m’a vraiment fait allumer sur Louis-Jean, c’est l’album qu’il a fait avec David Marin. Je suis vraiment une fan de Karkwa, je suis fan de Marie-Pierre Arthur, j’aime beaucoup ce qu’il a fait, mais on on s’entend que ça avait pas vraiment rapport avec moi. C’est une pomme pis un orange, vraiment. Mais là quand j’ai entendu David, j’ai fait comme «calvâsse, c’est ben bon!» J’trouvais ça cool, c’était plus roots, y’avait une énergie vraiment raw, quasiment punk su’es bords. Je lui ai juste envoyé un email, il a répondu, on s’est rencontrés et on a réalisé qu’on allait faire un disque ensemble.

Est-ce qu’il a essayé de te faire sonner planant et de donner des titres qui ne veulent rien dire à tes chansons?
(gros rire tonitruant) Non! Jamais! Louis-Jean, c’est comme un gars qui colle bien à c’que tu fais. C’est un gars qui a une oreille vraiment great, pis ça a toujours été dans le respect de ce que moi, j’avais comme vision. Il se collait à ça. Veux, veux pas, j’avais quand même le mold des tounes. Y’en a qui ont été faites en show des centaines de fois. J’arrivais avec une squelette qui était déjà là, une direction artistique que je connaissais. Le gros du travail, ça a été de laisser aller des choses, parce que je savais tellement trop yousse que j’voulais m’en aller que des fois, ça fuckait. Lui, il était comme: «bon, là, faut laisser aller un p’tit brin, essaie autre chose.» Souvent, c’est là que les tounes breathaient mieux. Il a fait un travail de réalisateur, mais aussi beaucoup de guide.

T’as un style d’écriture qui est très naturel. On pourrait croire que tes chansons sont sorties en deux minutes. Est-ce que tu mets beaucoup de temps à écrire?
J’te dirais que ça dépend vraiment des tounes. Y’a des tounes que j’ai écrites en une journée, y’en a d’autres qui m’ont pris deux mois. Pour moi, une toune qui vaut la peine, c’est quand c’que j’suis vraiment obsédée avec, j’veux tout le temps travailler dessus. J’ai tout le temps la mélodie dans’ tête pis on dirait que ça m’fucke, j’suis comme obligée de la finir. Mais oui, ça sort naturellement. J’écris vraiment par écriture automatique. J’écris tout c’qui m’vient par la tête, sans censure, pis après ça, je peaufine, j’arrange un peu des affaires qui ont pas rapport. Y’a quand même un gros travail de peaufinage. J’essaie le plus possible de faire du bon sens.

Lisa LeBlanc
28 mars | Lion d’or
1676, Ontario E.
www.lisaleblanc.ca

Plus de contenu