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Le trio indie-pop Parlovr compare son nouvel album à une thérapie de couple

Parlovr, qui lançait son nouvel album cette semaine, a l’air du groupe le plus joyeux en ville. Depuis ses débuts, en 2006, et la parution d’un premier album éponyme salué deux ans plus tard, le trio indie-pop montréalais s’est fait remarquer pour ses prestations débraillées, dynamiques, joviales. Derrière les cheveux en bataille des chanteurs, claviéristes et guitaristes Alex Cooper et Louis David Jackson, il y a toujours de grands sourires fendus jusqu’aux oreilles.

En bavardant avec Alex Cooper, toutefois, on s’étonne d’apprendre à quel point le conflit et la noirceur sont une force motrice de Parlovr (on prononce «Parlour»). C’est même carrément ce qui est à l’origine du groupe. «Louis et moi nous sommes connus alors qu’on jouait dans un band pop-punk du West Island vraiment terrible, nommé Freshly Squeezed. Moi, j’étais du genre hipster de ghetto un peu fendant. Louis était plus du genre punk banlieusard fan des Vandals. On se détestait cordialement, relate-t-il. On a joué ensemble huit mois pratiquement sans s’adresser la parole.»

«Après la rupture du groupe, la copine de Louis s’est enlevé la vie et moi, j’ai traversé une dépression vraiment horrible. J’ai quitté l’université, je ne pouvais sortir du lit. Nous traversions tous deux une mauvaise passe. Quelque temps plus tard, nous nous sommes revus lors du lancement d’album d’un ami commun au Petit Campus. Le groupe s’appelait Shamus et le batteur était Jeremy (Maccuish, maintenant batteur dans Parlovr). Ce soir-là, nous nous sommes battus. Tout de suite après, il y a eu une drôle de séance de réconciliation. Nous avons commencé à composer des chansons ensemble et nous sommes même devenus colocs!»

Nouveau creux
Le trio a certainement eu sa part de fun en trois ans de tournées au Canada anglais, aux États-Unis, en Europe et même en Chine, mais au terme de ces dernières, les problèmes ont refait surface. Ce qui explique pourquoi l’un des groupes les plus présents sur les planches locales s’est éclipsé, ces derniers temps. «Pour faire une histoire courte, disons que nous étions séparés. On ne pouvait plus jouer ensemble parce qu’on se disputait constamment. Après notre dernière tournée aux États-Unis, on ne pouvait plus se blairer, Louis et moi. On était cassés, déprimés. Je venais de rompre avec ma fiancée. Nous étions à nouveau dans une mauvaise passe», explique le musicien.

Au lieu de fermer les livres, l’équipe s’est plutôt attelée à l’écriture d’un nouvel album. Pas tant dans l’optique de poursuivre une carrière que de réparer les pots cassés. «On a pris notre temps, on s’est assurés de n’avoir que du plaisir et on a utilisé la composition pour réfléchir sur la merde qu’on avait vécu tant sur le plan individuel qu’au sein du groupe, souligne Alex. Ça peut sonner cheesy et trop parfait, mais c’était un incroyable processus de réhabilitation! Maintenant, nous sommes plus en forme et soudés en tant que groupe que jamais auparavant.»

Maris et flames
Lorsqu’on porte attention, Kook Soul traite effectivement beaucoup de relations qui s’étiolent et, paradoxalement, le thème du mariage revient souvent. «D’une part parce qu’au moment où on a fait cet album, je devais me marier. Mais c’est aussi une métaphore pour décrire notre groupe. On se plait, Louis et moi, à décrire notre relation comme celle d’un couple dysfonctionnel dont Jeremy est la victime malheureuse», lance Alex en riant.

Malgré ses relents de noirceur, Kook Soul reste généralement enjoué et entraînant dans le ton et dans la forme. Tout comme Parlovr l’est sur scène. «On a eu à compenser», résume Alex. «Il y a un tout petit espace pour la déprime, dans notre musique, mais on n’essaie de ne pas trop le remplir. Il y en assez un peu partout.»

Et si ses membres aiment l’exploration et l’expérimentation – ils se sont d’ailleurs inspirés pour Kook Soul de The Soft Bulletin, l’œuvre phare des Flaming Lips – Parlovr reste dévoué à la formule rock. «Nous ne sommes pas prêts à prétendre être quoi que ce soit de plus grand qu’un groupe rock. Il y a quelque chose de magique à propos du concept du trio rock, quelque chose qui porte beaucoup de sens pour nous. Je crois qu’il y a encore beaucoup de choses à explorer de ce côté et je trouve malheureux que tant de gens abandonnent ça.»

Parlovr
Concert-lancement de Kook Soul
24 mai | Jackie and Judy
6512, Parc
avec Jesuslesfilles

Discussion sur Kook Soul dans le cadre du Salon Polaris (gratuit)
26 mai | Casa del popolo
4873, St. Laurent
de 16h à 18h
facebook.com/parlovr

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