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Entrevue avec Emmanuel Schwartz, véritable bête de scène et auteur de NathanBénédictestunYiKing

On l’a vu dans Laurentie de Simon Lavoie et Mathieu Denis, où il matait des films pornos, pétait un câble, crevait l’écran. Dans Caligula (Remix) de Marc Beaupré, où il voulait la lune, ordonnait la décapitation de centaines, volait le show. Interprète captivant, doté d’une présence magnétique, Emmanuel Schwartz est de ces bêtes de scène trop rares, qu’on regarde en se disant «Putain, comment il fait?!» Doté d’un charisme fou, d’un physique atypique, d’une présence qui en impose, Schwartz cumule tous les talents. Il joue au ciné, au théâtre, et puis de la musique aussi. Il met en scène. Et il écrit, même si, ce faisant, il se sent parfois, un peu, comme «un imposteur littéraire». Vraiment, un imposteur? «Mon premier métier reste de jouer», explique-t-il.

Quand il a commencé à rédiger pour le théâtre, il étudiait en interprétation au Collège Lionel-Groulx. Intrigué par «la capacité des auteurs à écrire de grandes pièces» et «par tout ce qu’une pièce révèle sur celui qui l’a écrite», il s’est donc mis à composer, avec une question en tête: «Comment les événements qu’on traverse dans la vie peuvent-ils être transposés sur scène?» Pas facile de se montrer sous son vrai jour dans ses écrits, non? «Il n’y a rien comme le masque de la fiction pour se révéler, répond-il. C’est une jolie façon de faire passer ses obsessions!»

Il y a six ans, une de ses plus grandes obsessions, Nathan, s’est pointé dans son esprit, salut, et y est resté. «Je l’ai mis sur pause, raconte-t-il, je n’étais pas prêt.» Comme un leitmotiv, son personnage est revenu le hanter. Puis, l’hiver dernier, Emmanuel s’est mis à écrire pour de vrai, pour de bon. «J’ai repris la pièce du départ et c’est sorti tout seul». Au coeur de NathanBénédictestunYiKing, le Nathan du titre, qui n’est plus qu’un coeur, justement, et puis deux poumons ainsi qu’un cerveau relié à une machine. Un homme réduit à sa plus simple expression. «Je voulais partir de l’essence d’un être et questionner ce qui reste d’une vie après son échéance. Nathan commence dans cet état, mais par des opérations fantastiques, il est rapidement reconstitué de bouts de chair d’animaux et de peaux de toutes sortes de provenances.» Ce qui l’habille, ce sont surtout les mythes. «Ça m’intéresse beaucoup, les légendes qui se sont perpétuées dans la littérature, les grandes religions. Jésus, Mahomet, qu’ont-ils réellement fait de leur vivant? Qu’est-ce qui a été romancé?»

Produite par Abé Carré Cé Carré, compagnie de création qu’il a fondée en 2005 avec son complice Wajdi Mouawad qui l’a dirigé dans Forêts, Ciels et Littoral, la pièce épique NathanBénédictestunYiKing sera présentée au Centre des arts à Ottawa, puis au festival TransAmériques. «J’arrive à ma troisième mise en scène, à mon cinquième texte. Je commence à prendre de l’âge, si on veut, dans ce métier. Je commence à être un peu moins intimidé à l’idée de présenter mon univers.» Méchante bonne nouvelle.

 

NathanBénédictestunYiKing
Du 26 au 28 mai, dans le cadre du FTA
Théâtre Rouge (Conservatoire)
4750, Henri-Julien | fta.qc.ca