Le printemps, c’est la saison des frenchs. C’est comme un gros «french ou meurs» à la grandeur! Les gens sont beaux, les leggings sont tight et les langues sont lousses.
Contrairement au sexe, il n’y a pas d’angoisse de performance avec le french. T’as juste à être propre. C’est le principal prérequis. Après ça, le pire qu’il peut arriver, c’est un cling de lunette (ou de palette). Si ça arrive, tu pars à rire. T’en profites un instant pour regarder les petits yeux amoureux de ton co-frencheux, et t’y retournes.
Personne n’essaie d’impressionner avec son french kiss. Personne fait de move à la «Check ben ça, bebé! Tu vas capoter!» Non. T’y vas comme ça adonne. Tu bouges tes lèvres, tu mords un peu, tu tâtes où que ça te tente. Rien de calculé ou de réfléchi.
Le sexe manque cruellement de cette désinvolture dans les premiers temps.
Un peu ironiquement, la porn a vraiment de la misère avec le frenchage. Tout est tellement axé sur l’extrême et l’intention de tout montrer, qu’on en perd le plus intéressant. Le luv et la passion ne passent pas. Ça rend ça weird et malaisant. Un peu comme frencher avec les yeux grands ouverts.
ÇA, c’est une façon de filmer un french.
Dans la vraie vie, tout le monde french bien. Mais bon, peut-être que je dis ça parce que je suis un gars qui french surtout des filles (et des fonds de yogourt). Peut-être qu’avoir frenché des hommes, je réaliserais qu’on suck. Mais je ne crois pas.
Il suffit juste de savoir s’abandonner.
Tu ne peux pas être concentré sur autre chose en frenchant. Ça déconnecte tout de suite. Si t’essaies de détacher le soutif de la fille en même temps, ça paraît. Ta gueule arrête. Et là, la fille te laisse finir parce qu’elle sait que tu t’accomplis là-dedans. Un peu comme avec un kid qui vient d’apprendre à lacer ses souliers.
– «Chu capable!»
– «Je sais bien. Vas-y, mon grand.»
Même en étant matché et fidèle, si on se fait frencher par quelqu’un (pis que ça a du bon sens), on s’accorde toujours une ou deux secondes de flottement. C’est impossible d’être vertueux à ce point-là.
Frencher, il n’y a que ça.
Du frenchage de brosse où tu sors un peu de ta ligue (d’un bord ou l’autre). Du frenchage de foreplay où tu te chuchotes des saloperies à l’oreille. Du frenchage de transition où tu cherches un spot pour finir la job.
Frencher sur du Elvis dans un bar de karaoké. Frencher à 4h du matin contre la vitrine d’un magasin fermé. Un french au milieu d’une manifestation. Un french à saveur de révolution. Avec de l’amour plein la bouche.
Tous les espoirs sont permis à l’étape du french. Un french par jour éloigne la déprime pour toujours. Même si ce n’est rien de si concret. Juste un petit kick. Un petit espoir qui te fait croire que le futur n’est pas trop noir. Que tu n’es pas cave d’un peu y croire.
Et s’il y a de quoi dont on a besoin de ce temps-là, c’est bien d’un peu de frenchage. Du frenchage, de l’espoir, et plus de cowbell.