Chromatic ne fait pas dans les demi-tons: 150 artistes de tous genres, 2 jours hauts en couleur
Michael-Oliver HardingAlors que se tiendra ce dimanche la 26e Journée des musées montréalais, toute une tranche du «gratin artistique émergent» se tiendra bien loin de tout happening muséal. C’est que plus de mille festivaliers seront fort probablement en train de se remettre d’un véritable gangbang pluridisciplinaire de deux jours, Chromatic, qui étale cette année sa troisième édition sur deux jours (ce soir et demain).
Depuis ses débuts relativement modestes au Eastern Bloc en 2010, force est de constater tout le chemin parcouru par la dynamique équipe de Chromatic, qui carbure toujours à la créativité de façon 100% bénévole. L’organisme a su s’entourer de gens des milieux de l’art contemporain et de la culture qui les inspirent (Kristian Manchester – Sid Lee, Jean-Sébastien Baillat et Guillaume Cardell – Baillat Cardell & Fils, Andrew Ly et Melissa Matos – TRUSST, Francis Théberge – TiND et Ximena Becerra, en plus de s’associer avec M pour Montréal et Scène 1425 pour son volet musical) afin d’offrir à leur foule festive une exposition éphémère qu’elle n’oubliera pas de sitôt.
Cette année, la programmation rassemble un nombre assez effarant de disciplines: musique (Suuns, D’Eon, Mozart’s Sister, Le Matos, Claass), illustration & design (Kate Puxley, Antoine Tavaglione, Baillat Cardell & fils), photographie (nos très chers/ères Cindy Boyce, Richmond Lam, Jimmy Francoeur, SPG Le Pigeon), mode (Samuel Mercure), peinture, vidéo, une expozine, des installations, un parcours numérique, de la sérigraphie, des perfos de tout acabit dans la Satosphère et j’en passe.
Après une édition 2011 à guichets fermés, l’équipe de Chromatic décide finalement de faire le grand saut en formule week-end, parce que l’engouement est visiblement de la partie, mais aussi parce que «c’était vraiment triste de devoir tout démonter à peine 24 heures après avoir ouvert les portes au public», nous confie le fondateur et directeur général Philippe Demers. NIGHTLIFE.CA lui a posé cinq questions.
Autour des mêmes dates que Chromatic, il y a MUTEK, Elektra, C2-MTL, Sight & Sound, la Biennale, FTA, OFFTA, le Fringe et bien d’autres. Dirais-tu qu’un climat de compétition règne entre tous les événements qu'on qualifierait de vitrine sur la relève? Ou devrait-on plutôt parler de collaboration?
C’est une question vraiment pertinente. Quand on a présenté notre plan pour la première fois à Monique Savoie, directrice générale de la SAT, elle-même nous a indiqué qu’il y avait déjà des festivals qui existaient pour mettre l’art en valeur, comme MUTEK et Elektra, dans la même période que nous. Mais je ne parlerais pas de compétition, car nous sommes fans de ces festivals-là, on les fréquente et on essaie le plus possible de bâtir des ponts. On est en communication avec ces festivals-là et on essaie d’élaborer des offres qui sont connexes et qui se complètent. Toujours dans le but d’offrir aux Montréalais une offre artistique plus riche, comme par exemple le projet Parcours numérique, qui a lieu en ce moment dans le Quartier des spectacles.
Chromatic s’est rapidement taillé un créneau bien particulier, qui le distingue d'autres manifestations culturelles. Comme le définirais-tu?
À la base, il n’y a pas beaucoup d’événements artistiques à Montréal où les expositions prennent autant de place. Aussi, c’est sûr qu’on a pas inventé l’événement multidisciplinaire, reste qu’on sait que c’est très enrichissant pour les artistes, parce que ça leur permet de tisser de nouveaux liens et d’établir de nouvelles collaborations, par exemple des artistes en mode qui travaillent avec des musiciens. Alors ce pont qu’on bâtit entre les disciplines, c’est un peu ça, la spécificité de l’événement.
J’imagine aussi que le contexte plus festif de Chromatic attire un public différent des «usual suspects» qui se ruent vers les vernissages du Grand Montréal?
Oui, en effet! On s’est rendu compte qu'à Montréal, pour prendre contact avec l’art contemporain, le design graphique ou la photographie, il fallait souvent fréquenter des établissements un peu plus calmes, des lieux muséaux ou des galeries. Nous sommes une équipe assez festive, alors on s’est dit: pourquoi ne pas mélanger tout ça? Avoir des concerts, une ambiance un peu survoltée, tout en ayant la chance d’apprécier les créations d’artistes.
Est-ce que ça plaît à tout le monde, d’après toi?
C’est sûr qu’il y a des gens qui n’aiment pas ça, qui trouvent que c’est de dénaturer l’exposition que de la mettre dans un contexte un peu plus nocturne. Mais il y a également des gens qui, au contraire, n’auraient jamais été portés à découvrir certains des artistes que nous exposons si ce n’était des groupes de musique. Des gens qui n’étaient pas nécessairement des initiés de l’art contemporain, qui aujourd’hui surveillent ça d’un peu plus près, et qui vont peut-être aller dans des musées par la suite.
Des sources sûres m’indiquent que vous plancheriez en ce moment sur une édition parisienne de Chromatic?
Oui! J’invite tout le monde à surveiller ça de près, et ceux qui veulent se joindre à nous dans l’organisation, ne pas hésiter à nous contacter. L’édition de Chromatic Paris est prévue pour 2013. On est au stade embryonnaire, mais les choses se placent assez rapidement: on a des partenaires là-bas qui se sont confirmés et dont nous sommes très, très contents. On a hâte de créer un échange, de créer ce pont-là entre Montréal et Paris.
Chromatic
Les 25 et 26 mai à la SAT | 1201, boul. St-Laurent
massivart.ca/chromatic-2012
Parcours numérique
Jusqu’au 3 juin | À huit emplacements dans le Quartier des spectacles
quartierdesspectacles.com/parcours-numerique