En 1999, le trio a apporté une bouffée d’air frais bien nécessaire au hip-hop local avec Manifestif, mais treize ans plus tard, force est de constater qu’il est lui-même plutôt sclérosé et caricatural. Sans surprise, il tape de plus belle sur le clou de l’identité québécoise à grands coups de rimes slamées, de références historiques et mythologiques. A+ pour la véhémence et la persistance, mais dans un moment comme celui-ci, sur le strict plan du discours, d’aussi vagues appels à la nation ont quelque chose de futile, un peu comme se promener avec un drapeau des Patriotes dans une manif de casseroles. Il y a parfois explorations de thèmes autres («Secondaire», «Kevin et Gaétan»…), mais, pour demeurer pertinent, ce groupe qui se réclame de l’engagement aurait eu avantage à préciser ou rediriger son discours. Au niveau des trames et de l’interprétation, l’album ne propose rien de bien stimulant. Il n’y a pas de funk, que du déclamé statique et sentencieux, quand on ne tombe pas carrément dans le douteux (une reprise rappée de «Tout le monde est malheureux», vraiment?). La plus psychédélique «La perle» montre pourtant que Loco Locass a la capacité de progresser, mais alors qu’on aurait tant besoin d’une voix pour s’élever au-dessus de la mauvaise foi ambiante, le groupe s’emmure dans sa propre langue de bois. Le 15 juin aux FrancoFolies extérieures.