Voilà un moment qu’on n’avait pas croisé un groupe aussi habile à faire cohabiter le bruit et la mélodie. Issu de Baltimore, ce quatuor à la discographie déjà bien garnie pige dans le post-punk, le métal et le prog pour aligner les riffs les plus grinçants depuis Jesus Lizard, soit tout en harmoniques de guitares et en motifs de basse bien gras à la Gang of Four. Le Nirvana époque Bleach est aussi évoqué de temps à autre. Mais des recoins les plus boueux et angulaires émergent des passages étonnamment accrocheurs: le petit thème chantant des couplets de «Road Dog», une pimpante et dansante «Powder» ou l’hymne punk fédérateur de «Weird Mirror». En cela, et aussi grâce à la dextérité musicale évidente de ses membres, Dope Body se distingue de ses prédécesseurs et évite toute connotation nostalgique du type «hommage aux nineties». Un must pour les fans de rock lourd, exigeant et excentrique, de même que pour ceux qui ne croient plus à la surprise dans la musique à guitares.