Tel qu'annoncé et confirmé, il y aura déclenchement d'élections dans quelques semaines.
Tout le monde semble catégorique, mais surtout pessimiste là-dessus. Des calculs à l'aveuglette démontreraient que Charest sera réélu, sur le dos des VIOLENTES manifestations. ON Y CROIT. On en parle comme si c'était fait. Et c'est là qu'on nous sort LA recette gagnante, celle qui nous donnerait une chance de s'en sortir collectivement, c'est-à-dire, tout faire pour éviter les lignes de piquetage et par conséquent, la violence, à la rentrée des classes. Les étudiants devraient ainsi retourner paisiblement à leurs cours de façon à DÉJOUER les stratégies du gouvernement. Fermer sa gueule comme ultime stratagème, brillant en tabarnack.
Cette recette d'appel au calme, préconisée par les médias, qui, par moments, tend à diviser le mouvement étudiant, tant par l'obsession de ses adeptes à penser et agir unilatéralement, jusqu'à vouloir l'éradication des plus radicaux. Les pacifistes, au courant des derniers mois, se sont montrés tellement CERTAINS de détenir l'unique façon de faire pour obtenir la victoire, au point même de livrer d'autres manifestants à la police. On a même vu des dudes s'attitrer du rôle de RAMASSEURS de cônes, préalablement renversés par des VIOLENTS ANARCHISTES. PLAIRE, tabarnack. Plaire à l'opinion publique, plaire aux médias, plaire au SPVM. Réussir via la bien-pensance. La victoire temporaire des casseroles sur les «casseurs» fût crissement éphémère, soit dit en passant.
L'esti de recette, man. Tout est calculé de façon à éviter l'échec pis les maladresses depuis quelque temps. Pis j'te parle pas seulement de politique, là. La culture, entre autres, en souffre de tes crisse de recettes pour réussir, tellement que les produits n'ont plus d'âme. On est devenu des économistes, des architectes, des comptables. On veut s'assurer de ne PAS atteindre la défaite, ou du moins, tant qu'on pourra au minimum prendre le chemin qui nous paraît le plus safe/évident, on n'aura pas à s'le reprocher dans le cas échéant. Dans le domaine musical, il n'est pas rare de voir les artistes se prostituer avant même qu'un producteur ne leur exige. Les cartoons sont désormais diffusés sans saveur ni identité aucune, puisque tentative d'être la pâle copie de Family Guy version québécoise oblige. Les projets web, quant à eux, sont conçus dès les premiers pas en fonction des cliques, c'est donc dire que la facilité se retrouve constamment à l'ordre du jour. Même les gens dans la rue sont prêts à l'éventualité de faire l'objet du prochain Mon père est riche.
L'ironie, c'est qu'on n'aura jamais autant foiré de manière aussi lamentable. La vaste majorité des produits fonce en ligne droite vers l'échec, à coup sûr. On s'en tire pourtant moralement bien puisque l'initiative et la démarche sont directement calquées dans le grand mode d'emploi. Comment échouer quand on possède la recette?
Je dis «on», mais je m'en exclus. Vous êtes de terribles stratèges, mais on vous a élevés comme ça dès votre plus jeune âge. Exemple patent? Votre boîte à lunch. On aurait dit que vos parents faisaient tous l'épicerie ensemble quand je vous voyais déballer le même Ficello pis les mêmes nouilles Ramen. Pis toutes vos maisons identiques qui arboraient les mêmes décorations intérieures. Les masques pis les sabres. Plutôt se ramasser dans le coma.
On vous a mal initié au succès, qu'on vous a présenté comme unilatéral et immédiat, de façon à vous faire contourner les risques. Vous êtes héritiers d'un guide aux méthodes désuètes. (Ont-elles déjà fonctionné?)
Aujourd'hui, vous appliquez vos théories du «Comment plaire à la masse» ou encore «Comment faire pour ne décevoir personne?» à la politique et/ou amour et/ou choix de vie et/ou à ce qui devrait plutôt être guidé par les émotions, convictions et valeurs.
Vous calculez tout et mal. Vous êtes surtout convaincus que tout est dans la recette, l'unique, la bonne, alors qu'on ne vous demande qu'à être vous-mêmes, sortir de la boîte.
Dans une manif, celui qui résiste, ou même le briseur de vitres peut parfaitement co-exister avec votre signe de peace, tant qu'on reste conscient qu'aucun des deux partis ne peut avoir absolument raison et qu'on s'accorde quelques maladresses. Cessez de vouloir plaire à tout prix, vous n'êtes pas Simple Plan. Ainsi, à la rentrée, étudiants, vous ferez le bon choix, celui de votre instinct et non celui des sondages.
Génération «même crisse de boîte à lunch».
Je vous déteste.