Jean Leloup a envie de se faire plaisir. Après trente ans de carrière cette année, il a décidé de faire une tournée de «greatest hits» dans les festivals de la province. C’est dans un petit restaurant chilien du Mile-End qu’il m’a donné rendez-vous pour parler du concert qu’il donnera sur la place des Festivals ce jeudi.
«Si j’ai appelé la tournée La nuit des confettis, c’est pour faire référence à l’idée de fête. Cette tournée-là, c’est un peu comme une consécration pour moi! Et vu qu’on fait juste des shows extérieurs et que ça attire vraiment un public large, j’en profite pour jouer les tounes que le monde veut entendre.»
Justement: est-ce qu’on approche différemment un concert en plein air et un show au Métropolis? «Quand on joue en plein air, on voit le soleil se coucher et la nuit arriver; il y a quelque chose de magique là-dedans. On sent vraiment la nature autour de nous… et la foule est différente, aussi: il y a des jeunes de sept, huit ans et des gens de 85 ans qui viennent voir le concert, et tout le monde s’amuse. C’est assez hallucinant de voir tout ce monde-là, des gens qui n’ont rien en commun a priori – des ingénieurs, des étudiants d’anthropo, des retraités et des fonctionnaires – qui se réunissent ensemble et qui tripent. C’est super fort de voir ça.»
Il joue de la guitare
Musicalement aussi, c’est différent: «Pour cette tournée-là, je me suis entouré de musiciens dont certains que je connais depuis une quinzaine d’années, qui peuvent me suivre quand je pars sur un jam ou que j’oublie un couplet… Ça fait tellement longtemps qu’on joue ensemble qu’ils sont capables de savoir où on s’en va juste avec les mouvements que je fais sur scène. On est aussi une équipe réduite sur cette tournée, justement pour garder cette liberté-là de ne pas faire le même show à tous les soirs ou d’étirer une pièce ou deux si ça me tente. Quand t’es 20 sur la scène, c’est pas mal plus difficile de s’adapter.»
Et comment est-ce qu’on arrive à créer un setlist quand on s’appelle Jean Leloup, qu’on a envie de faire plaisir au monde et qu’on a dix albums de matériel à trier? «Quand on écrit des chansons, on passe toujours par des phases d’environ trois ans. On va se mettre à triper country, rap, Jimi Hendrix… et ça paraît nécessairement dans l’écriture. J’ai décidé de prendre les trois ou quatre meilleures chansons de chacune de mes phases, plus une que j’étais en train d’écrire sur un homme qui part à la recherche de quelque chose qui n’existe pas et qui rencontre un corbeau sur son chemin. Cette chanson-là devient un peu le fil conducteur du spectacle.»
Une nouvelle chanson, est-ce que ça annonce du nouveau matériel pour bientôt? «C’est ça le problème quand t’as 10 albums en 30 ans et que tu les repasses tous pour trouver le meilleur: tu deviens un peu intimidé par ce que t’as fait. Pis là, t’essaies d’écrire et tu trouves qu’il y a rien d’aussi bon que ce que tu as déjà écrit. Alors, non, pas de nouvel album pour le moment. Des scénarios, des nouvelles, c’est pas mal tout ce que j’écris.»
Mille succès Milady
La perche était trop bien tendue, je n’ai pas pu résister: quelles sont les chansons qui «intimident» Jean Leloup? Mettons, un top-3.
«Ouf. C’est dur, ça. ‘‘La plus belle fille de la prison’’, on a une nouvelle version – tu sais, des fois, t’écris une chanson et tu l’enregistres et, après, en show, elle devient autre chose? Comment on la fait, celle-là, maintenant, c’est vraiment bon. Après ça, ‘‘Je suis parti’’. Je l’aime beaucoup, celle-là.»
Avant de nommer la troisième, Leloup prend son temps. Allume une clope, se verse un verre d’eau. Puis: «‘‘Le dôme’’. C’est une des rares pièces où j’ai écrit le texte avant la musique, mais j’ai l’impression qu’il y a quelque chose d’universel là-dedans. C’est vraiment la toune la plus complexe que j’ai écrite. Elle est vraiment tough à jouer, par exemple…»
Pour savoir si Jean Leloup va oser «Le dôme» ou pas lors de sa «tournée de consécration», c’est ce jeudi sur la place des Festivals à Montréal. Ensuite, le 27 juillet à Rimouski, le 3 août au Festival du Cochon de Sainte-Perpétue ou le 18 août au Festival de la Curd de Saint-Albert.
Jean Leloup
26 juillet, 21h | Place des Festivals
angle des rues Jeanne-Mance et De Maisonneuve O.
roiponpon.ca