Le Détesteur: petit guide pour se politiser sans se matantiser pendant la campagne électorale
Murphy CooperHey. Depuis cet hiver, les gens ont tendance à se politiser davantage pis c'est nice. Même moi, avant le conflit étudiant, je n'osais pas tant emmerder mes lecteurs avec mes convictions politiques sur mes tribunes. Mais on s'est déjà entendu là-dessus, ce mouvement-là peut s'vanter d'avoir réveillé tout l'monde, d'une grande shot. On apprend, on s'informe, on partage selon le rythme qui nous est propre pis c'est all coolio. Une pièce de plus pour l'awesomeness des Y.
Cependant, j'crois que certains ont omis de nous consulter et se sont approvisionnés en shitload de bas bruns en préparation à leur participation engagée sur les médias sociaux. Autrement dit, de jeunes gens qui se sont auto-matantisés aux couleurs bien #F5F5DC (beige, pour les non-initiés) de la vieille politique endormante, telle qu'on la connaît, sans même avoir envisagé la possibilité d'agir en marge des sentiers battus par nos aînés.
C'est pourquoi je t'ai concocté une courte liste des trucs à rayer de tes habitudes sur les médias sociaux à tout câlisse de prix pour bien effectuer ta politisation trois point zéro, sans pour autant te transformer en matante.
Tinamis – De prime abord infantilisant, on emprunte ce terme en politique pour parler de collusion, d'amis de politiciens qui se voient recevoir/donner des privilèges. Exemple: Charest et ses tinamis de la SQ s'en prennent aux étudiants. On dirait que c'est toujours le même profil type qui a recours à cette appellation. Tsé, l'ex-fan des Cowboys Fringants, hyperactif sur leur forum de discussion back en 2001. Ben, il a vieilli, est parent d'enfants, pis il dit ça, lui, «Tinamis».
Gau-Gauche – Dans le même registre que «Ke-Klown» et popularisée par l'animateur Jeff Fillion pour se moquer de la gauche artistique montréalaise, cette appellation ne se distingue certainement pas des regrettables symboles matantes suivants: «Va péter d'in fleurs», «M'a t'en faire moé!», «Tabarnane!», «Mets-en!» ou jokes de «Newfies».
Les surnoms et jeux de mots – La Marois, Ti-Jean, Charogne/Charrue. C'est pas parce que la cause est noble que le jeu de mots est drôle/bon. Laisse-donc ça au passé, t'es capable d'être plus créatif que ça, j'pense. J'pas mal certain que t'appelles pas François Paradis sur l'heure du dîner, non plus.
Ginette/Roger – Quand vient l'temps de personnifier le commun des mortels qui préfère Star Académie aux bouquins, pousse-donc ta recherche un tant soit peu plus loin si tu veux le baptiser d'un quelconque prénom. Parce que Ginette pis Roger, on a fait l'tour en sacrament. Exemple: Parce que la p'tite Ginette de Alma qui lit rien d'autre que le 7Jours, elle va voter pour Charest, elle.
Le partage de caricatures/parodies sans filtre – Probablement le signe suprême qui met ton nom directement sur la guestlist pour assister à n'importe quel enregistrement des Lionnes. Le point de non-retour. Ça, c'est quand tu partages absolument toutes les caricatures, même celle qui placerait par exemple François Legault dans la peau d'un animal, accompagnée d'une percutante punchline du genre: «Quand Legault-rille se fâche!!». Par fucking chance que les fichiers PowerPoint ne sont pas admis sur Facebook.
Amalgamer les points à éviter pour le LOL – Je sais qu'après avoir lu les 5 paragraphes au-dessus, ton premier réflexe a été celui de penser à composer une phrase qui comporte les 5 points sur lesquels j'ai insisté qu'il fallait à tout prix proscrire. Exemple: Les tinamis de gau-gauche qui votent pour la Marois n'aiment pas quand Roger de Chibougamau vote pour LeGaudzilla. T'es persuadé que c'est hilarant ou qu'à la limite, quelqu'un aura bien apprécié ton intervention. Mais, nope, c'est jamais le cas depuis jour 1. No joke.
Je te déteste.