Au cours de la dernière décennie, Madonna Louise Veronica Ciccone nous a surtout fait rigoler. Avec ses bras de mutante, ses frenchs intergénérationnels et son hommage déguisé à la MDMA. Mais tandis qu’on admire sa vigueur étonnante pour ses 54 ans, sa musique, elle, laisse à désirer. Faits sur mesure pour les dancefloors de clubs gais, ses plus récents albums contiennent fort peu de traces de ses ambitions musicales d’antan.
Car la Madonna des belles années ne faisait pas couler d’encre que pour ses coups d’éclat, ses clips et son image provocatrice. La musique était à la hauteur du personnage. En voici cinq preuves indémodables. On attend encore ne serait-ce qu’un seul morceau équivalent de la part des Lady Gaga de ce monde.
«Lucky Star» (Madonna, 1983)
On aurait pu mettre n’importe quel single de la période 1983-1987, sans conteste sa meilleure. «Like a Virgin» demeure son plus connu, mais «Borderline», «Holiday», «Material Girl», «Papa Don’t Preach», «Who’s That Girl» sont autant de parfaits fragments de pop lascive, sucrée, efficace et charmeuse. Sa voix était claire, invitante et contrairement aux standards pop d’aujourd’hui, le muscle des pièces dépendait presque entièrement des mélodies et non de la production. On y va avec celle-ci, tirée de son premier album parce que, contrairement à la plupart de ses hits subséquents, la Madonne l’a composée entièrement seule.
«Into the Groove» (Like a Virgin, réédition de 1985)
Il y a quelque chose dans cette chanson, ainsi que dans le film pour lequel elle a été composée (Desperatly Seeking Susan, 1985), qui résume parfaitement les années 80. Du glam et de la légèreté, oui, mais aussi quelque chose de lourd, de fardé, comme une odeur étouffante de fixatif et de parfum cheap.
«Like a Prayer» (Like a Prayer, 1989)
Des choeurs gospel. Une mélodie édifiante. Des montées de tension folles et des changements de tempo. Un clip avec un Jésus noir, des croix qui brûlent et une Madonna brune. Qui d’autre a réussi à créer un aussi gros hit avec de tels ingrédients? Ça, c’était Madonna à son meilleur: ambitieuse, provocatrice et musicalement irréprochable.
«Express Yourself» (Like a Prayer, 1989)
Avec cette chanson ainsi que «Vogue», qui suivrait un an plus tard, Madonna a amené de sérieux éléments dance dans la pop et a pressenti la montée de la house. Puis, il y avait ce clip particulièrement sensuel pour l’époque (surtout à partir de 3:55). Quand on a 14 ans, les hormones dans le tapis, qu’on passe ses journées scotché devant MusiquePlus et qu’Internet n’existe pas encore, c’est le genre de chose qui compte.
«Beautiful Stranger» (B.O. Austin Powers: the Spy who Shagged me, 1999)
La Madonna des années 90 n’avait déjà plus grand-chose à dire. Ses trips sado-maso (Erotica, 1992) et trip-hop (Ray of Light, 1998) avaient tout d’endormant. Mais avec cette chanson tirée de la trame sonore du second film de la franchise Austin Powers, elle a eu un dernier regain de génie pop qui nous a brièvement fait retomber amoureux d’elle.
Madonna
30 août | Centre Bell
1909, av. des Canadiens-de-Montréal
avec Martin Solveig
madonna.com