J'ai beaucoup de gens fâchés sur mon Facebook dernièrement. Particulièrement la semaine dernière dans le cadre du débat anglo/franco. J'ai vu des francophones s'enrager FORT à lire des statuts à caractère intolérant qui embarquaient dans le même bateau la communauté anglophone au grand complet. J'ai vu l'inverse, aussi.
Des gens qui sont en tabarnack, derrière l'écran, juste à lire des choses qu'on a écrites. J'ai toujours trouvé ça amusant d'imaginer quelqu'un, en boxers ou robe de chambre, se pomper, pantoufles aux pieds, en train de siroter son café, qui lui, est posé juste à côté des assiettes qui s'empilent sur le bureau d'ordi, rouge de colère, après avoir lu quelques mots ou paragraphes spécialement conçus pour rendre les gens rouges de colère.
Les gens sont émotifs et ne peuvent se contenir. Ils vont lire André Pratte et s'empressent d'écrire à grands coups de masse leur prochain statut Facebook: "AH BIN TABARNACK. MOI JE VAIS PRENDRE DE L'AIR PARCE QUE LÀ J'AI LE GOÛT DE FRAPPER QUELQU'UN PIS ÇA SERA PAS DRÔLE!!! A-Y-O-Y-E!!!".
Vraiment? Tu passes la majeure partie de ton temps sur les médias sociaux, t'es branché sur le web depuis au minimum une décennie pis t'as pas encore trouvé le moyen de juste let it go, de lire avec énormément de recul? Tsé, t'as l'droit de le trouver imbécile Richard Martineau, on partage le même point de vue, mais bien personnellement, c'est vraiment tout ce qui remonte comme émotion quand j'le lis, le trouver imbécile. Mais toi là, quand t'as fini ta lecture, es-tu vraiment en tabarnack pour de vrai? Au point de vouloir frapper dans un mur? T'as pas un peu l'impression que les chroniqueurs ou tes amis qui font des statuts ont de l'emprise sur toi quand ils arrivent à te faire péter les plombs comme ça?
Quand tu te fâches pour de simples textes, tu transgresses les limites de l'opinion. C'est pas que tu veuilles à tout prix que tout le monde pense comme toi, mais tu détestes que d'autres appellent, à l'aide de demi-vérités, les plus vulnérables à penser comme eux. C'est surtout ça qui te rend en colère, parce qu'idéalement, la société dans laquelle tu voudrais vivre penserait davantage par elle-même. Autrement dit, tu ne l'engueules pas forcément pour qu'elle pense comme toi, mais tu lui contre-indiques brutalement d'adhérer à l'idéologie des Pratte, Martineau et compagnie.
Quand tu vires fou, tu perds toute notion du débat pis t'émets malgré toi ton incapacité à tolérer de ne pas obtenir satisfaction, là, là. J'me demande d'ailleurs pourquoi tu le prends de manière aussi personnelle que des crétins puissent boire les paroles démagogiques des chroniqueurs de droite. À moins d'être actionnaire majoritaire de la société, je ne vois aucune raison qui puisse te pousser à bout, à chaque fois que quelqu'un est susceptible de l'amener dans la mauvaise direction.
J'ai l'impression, quand tu perds le contrôle, que tu penses savoir mieux que quiconque ce qui est bon pour moi, mais puisque tu te retrouves impuissant, t'exploses de rage devant l'impossibilité de pouvoir m'offrir un monde meilleur. Ton monde meilleur. Avec tes idéologies que tu ne prends même plus la peine de me vendre tellement t'es occupé à pester contre ceux qui "nuisent à ton travail".
Quand tu t'emportes, c'est comme si tu reprochais aux gens de ne pas traverser en moins de deux minutes le ravin qui t'a pris trois journées à contourner pour te rendre de l'autre côté. Tu désires l'immédiat alors que toi-même t'as emprunté des détours qui t'ont ralenti, quitte à te faire recommencer. Mais ça, tu l'oublies tout le temps.
Quand tu bouillonnes après avoir lu, vu ou entendu sur le web, règle générale, t'as perdu d'avance.
Calm down, pointe du doigt les inepties, contre-argumente, démontre l'incompétence et la mauvaise foi, mais surtout, propose. Ah pis, un petit comeback dans le monde réel ne te ferait pas de tort, tu verrais que malgré tout, les gens ne sont pas 100% conséquents quant aux insanités qu'ils peuvent déblatérer sur Facebook. C'est vraiment plus vivable que tu sembles le croire.
Je te déteste.