Aller au contenu
Le chanteur Albin de la Simone présente son mystérieux projet Films Fantômes, animé par Marc Labrèche et Sophie Cadieux

« Il faut que je vous explique comment ça se décline, parce que c’est compliqué… » La discussion est à peine entamée qu’Albin de la Simone, sympathique musicien français invité par le Festival du nouveau cinéma, me prévient que ses très flyés Films Fantômes sont encore plus énigmatiques qu’on pourrait le croire. Mais ses explications éclairées confirment qu’il est rendu maître dans l’art de vendre son acid trip de l’imaginaire. « Ça prend habituellement au moins le temps d’une bonne bouteille de vin », convient-il à la blague. 

Il a dû dévaliser la SAQ en août dernier alors qu’il était au Québec pour tâter le terrain de Films Fantômes, car il a convaincu une imposante cohorte d’artisans québécois de se joindre à lui. Marc Labrèche, Sophie Cadieux, Ariane Moffatt, Pierre Lapointe, Andrée Lachapelle, Jean-Marc Vallée et plusieurs autres ont été vendus à l’idée de présenter une rétrospective de neuf films qui n’existeront jamais, par le biais de la musique, de critiques, de costumes, d’affiches refusées… Le but étant de dévoiler un tas d’éléments périphériques au film, pouvant nourrir l’imagination du public, tout en ne montrant jamais la moindre image, « parce que je ne voudrais surtout pas violer l’imagination que vous en faites », assure Albin. « Ce qui est bien, c’est que les gens ne sont pas obligés d’aimer les films. Ils peuvent en aimer un, en détester un autre, mais l’idée, c’est qu’ils les imaginent. »

Le jeune auteur-compositeur, bien connu pour ses collaborations avec des interprètes aussi variées que Vanessa Paradis et Stéphanie Lapointe, présentera ce soir au Centre PHI la version québécoise d’un projet tout d’abord mis en scène en France, né d’un désir d’écrire plus librement et de rencontrer des gens d’autres disciplines. Albin de la Simone nous explique Films Fantômes en 5 points :

 

1. Outre la musique et la lecture des synopsis (par Marc Labrèche et Sophie Cadieux), le public sera invité à poursuivre l’expérience dans une salle d’exposition, où Albin & Co. pousseront l’idée encore plus loin.
« Au mur seront affichées des critiques des films, des affiches potentielles, des costumes, un vox pop qu’on a filmé, où les gens s’expriment sur les films. Tout à l’heure j’étais avec Odile Tremblay du Devoir, qui a rédigé une critique où elle détruit complètement un faux film, et Le Devoir l’a mise en page. Tout ça pour nourrir l’imaginaire et pour rigoler, parce que c’est un peu n’importe quoi d’avoir fait tout ça! »

2. Il se moque du rituel de promo des films, qui laisse souvent peu de place à l’imagination.
« Parfois, on nous raconte tellement les films, parce qu’on vit dans une culture où l’on montre tout, on dit tout, on explique tout. En fin de compte, on a tellement d’éléments auxquels se raccrocher qu’on n’a plus vraiment besoin de voir le film. Ou pire, le film s’avère beaucoup moins intéressant que ce que l’on en avait imaginé. »

3. Il est grand fan des téléséries Les Lavigueur et Le cœur a ses raisons.
« Sophie [Cadieux], je la connaissais, mais je l’avais vue avant de la rencontrer dans Les Lavigueur. Un de mes amis ici m’avait déjà dit, ‘‘si tu veux connaître une histoire forte des 20-30 dernières années québécoises, c’est une série très bien faite.’’ Marc Labrèche, je le connais par Le cœur a ses raisons, qui est un monument de ma culture humoristique. J’ai acheté les DVDs ici et je les ai tous regardés en tournée avec Vanessa Paradis. »

4. Ce n’est pas un projet basé sur le cinéma.
« Forcément dans toutes mes musiques, il y a sûrement des références de films qu’on connaît. Un de mes réalisateurs préférés est David Cronenberg, mais je ne crois pas qu’il y ait de films parmi les Films Fantômes qui évoquent cet état d’esprit particulier – inquiétant, qui va puiser dans les recoins de la psychologie humaine et des fantasmes. »

5. C’est plutôt l’œuvre de Sophie Calle qui l’a inspiré dans sa démarche.
« Je suis très admiratif et impressionné de cette femme, et j’ai des souvenirs d’expositions où il y avait beaucoup de matière – beaucoup de choses à lire, à imaginer, des liens à faire nous-mêmes entre différentes choses qu’elle nous présente. Avec Films Fantômes, je propose un tas de points d’ancrage et ensuite c’est au public de relier tout ça.

 

Films Fantômes
Le 13 octobre à 19h et 21h
Centre PHI (Espace A) | 407, rue Saint-Pierre
nouveaucinema.ca | phi-centre.com

Plus de contenu