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Jean-Sébastien Couture des Grands Ballets à propos des épreuves auxquelles font face les jeunes danseurs

Au cours des 10 dernières années, les danseurs québécois ayant réussi à se tailler une place au sein de la vénérable institution des Grands Ballets Canadiens de Montréal (GBCM) sont extrêmement rares. Seul Québécois parmi les solistes des GBCM, Jean-Sébastien Couture fait figure d’exception. Portrait d’un jeune danseur étoile de St-Jean-sur-Richelieu, que vous pouvez découvrir dans le spectacle Kaguyahime, Princesse de la lune, du 11 au 27 octobre à la Salle Wilfrid-Pelletier.

 

NIGHTLIFE.CA: Quel a été ton parcours avant de faire ta place aux GBCM ?
J.-S. Couture: À 10 ans, j’ai suivi mes premiers cours de claquette et de ballet jazz à l’École de danse Maureen Macdonald. À 16 ans, j’ai déménagé à Montréal pour intégrer l’École supérieure de ballet du Québec. Au début, je voulais seulement améliorer ma technique classique pour être meilleur en ballet-jazz, mais je me suis fait prendre au jeu et j’ai aimé ça. Ensuite, j’ai étudié en danse au Cégep du Vieux-Montréal et j’ai fait partie des Jeunes Ballets du Québec pendant trois ans. On a fait des tournées en France, au Pérou, au Chili, au Mexique, au Costa Rica et dans le reste du Canada.

Comment les jeunes de ton entourage réagissaient-ils en apprenant que tu faisais du ballet ?
Au secondaire, je me suis beaucoup fait niaiser parce que je dansais. Mais le jour où les autres étudiants m’ont vu danser un solo dans un spectacle de l’école, ils ont tous arrêté de m’écœurer d’un seul coup. 

À quel moment as-tu senti que tu voulais faire de la danse un métier ?
En rentrant de mon premier cours de claquette, j’ai dit à ma mère que je voulais faire ça de ma vie. Je n’ai jamais eu d’objectifs de carrière, ni rêvé de danser pour les GBCM. J’ai fait mon petit bonhomme de chemin, échelon par échelon, sans être ambitieux. J’étais un étudiant qui s’améliorait constamment, je travaillais très fort, je connaissais bien mes rôles et je me souvenais des chorégraphies de tout le monde.


Eva Kolarova & Jean-Sébastien Couture, Atelier chorégraphique 2012 / Crédit: JL Ratel

Pourquoi y a-t-il si peu de Québécois aux GBCM et comment as-tu fait pour te démarquer ?
Pendant plusieurs années, le directeur des GBCM et le directeur de l’École supérieure de ballet du Québec, Didier Chirpaz, vivaient des conflits et communiquaient très mal. Plusieurs danseurs québécois avec beaucoup de potentiel n’ont pas été choisis à cause de cela. C’est dommage. En ce qui me concerne, je suis arrivé avant que les problèmes débutent entre les deux.

À quel point la compétition est-elle féroce pour garder sa place aux GBCM ?
Il y a toujours une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et on est conscient que plusieurs danseurs veulent prendre nos places. C’est pour ça que les danseurs acceptent tout. On est les artistes les moins bien payés et les moins bien traités. On n’a pas le droit de former un syndicat comme les musiciens de l’OSM et on n’a pas d’avantages sociaux. L’été dernier, on a été presque deux mois sans salaire. En tant que Québécois, j’ai eu droit à un peu de chômage, mais les Japonais et les Américains n’ont droit à rien ici. Ils doivent se trouver du travail pendant les périodes creuses.

Quelle est la charge de travail d’un danseur de ballet à temps plein aux GBCM ?
On fait un mois de répétitions avant chaque spectacle. Tous les jours, on se réchauffe de 9 h 30 à 11 h, on prend une petite pause de 15 minutes et on reprend jusqu’à 18h, avec une heure de diner indéterminée. Durant l’année, on travaille pendant 42 semaines. On donne généralement quatre spectacles de six représentations à Montréal et on fait deux tournées d’environ cinq villes par année.


Le Petit Prince: danseurs Kenji Matsuyama Ribeiro & Jean-Sébastien Couture, Les Grands Ballets Canadien de Montréal / Crédit: JL Ratel

Ressens-tu beaucoup de pression pour rester au sommet de ta forme ?
Je n’ai jamais été très bon pour écouter mon corps, mais je suis moins pire qu’avant. Depuis la mononucléose que j’ai faite au cégep, j’essaie de faire attention et de prévenir les baisses d’énergie. Sinon, côté blessures, j’ai une hernie discale depuis huit ans. Ça m’a obligé à réapprendre à danser en la contournant. Par contre, jamais mon corps ne m’a empêché d’aller sur scène. En 10 ans, j’ai manqué une seule journée de répétition parce que je faisais une fièvre atroce.

Est-ce qu’on peut bien vivre du métier de danseur ?
Les danseurs professionnels sont peu nombreux et plusieurs doivent travailler ailleurs en même temps. De mon côté, je vis bien. J’ai un condo sur le Plateau, je fais attention à mon argent comme tout le monde, mais je n’ai jamais manqué de rien. Par contre, je n’aurai pas de pension à ma retraite.

Que feras-tu lorsque ta carrière de danseur sera terminée ?
Je pourrais devenir chorégraphe, même si je déteste la paperasse et le travail de gestion qui viennent avec. J’envisage aussi être répétiteur, grâce à ma grande mémoire des chorégraphies. Ou peut-être travailler dans les médias, à la radio ou à la télévision.

 

Kaguyahime, Princesse de la lune
Du 11 au 27 octobre
Salle Wilfrid-Pelletier | 175, rue Sainte-Catherine Ouest | grandsballets.com

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