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Le Détesteur : Pourquoi pas un boycott définitif de l’ADISQ?
J'en conviens, j'suis assez sévère quand vient le temps de parler d'image et d'intégrité artistique. Des amis diront que ça me nuit un peu, vu le nombre de postes/opportunités/collaborations que j'ai refusé, parce qu'ils ne correspondaient pas au branding du Détesteur, ou du moins, du dude derrière: Murphy Cooper.

Sévère aussi à l'endroit des autres, au point où je me demande quand les artistes les plus prisés de l'underground se fixeront le même genre de limites? Quand cesseront-ils de brandir bien haut le oh combien prestigieux Félix, faisant ainsi de l'ombre à leur victoire aux GAMIQ? D'ailleurs, à ce sujet, j'ai mémoire de la dernière édition du gala Montréal Underground, en 2007, qui récompensait les artistes urbains de Montréal, mais principalement hip-hop. L'absence (ou le boycott peut-être?) de plusieurs rappeurs en nomination nous a donné droit à de beaux moments awkward. Comme si ce gala n'avait jamais eu d'importance et qu'on avait préféré s'en remettre aux valeurs sûres, à ce qui était reconnu par le commun des mortels, familles et amis. L'ADISQ.

Mieux vaut être en nomination contre Mixmania, j'imagine? Y'a de quoi célébrer en famille quand maman est fière de voir son garçon rentrer au bercail avec le plus convoité des trophées de la francophonie nord-américaine. Elle qui l'a vu entre les mains de Marie-Mai et autres vedettes sans réelle saveur. C'est quelque chose en esti, l'ADISQ, pour une mère. Et pour plusieurs, à bien y penser. Je peux comprendre. Pour s'assurer la reconnaissance des proches, faudrait au moins qu'ils puissent identifier la statuette posée sur le foyer du salon, ça va de soi.

Mais justement, quand quelqu'un décidera-t-il de briser cette chaîne? Pas grand monde apparemment. Les artistes préfèrent quémander une meilleure vitrine pour la relève. PLEASE, laissez-nous être de mèche avec Linda Lemay! C'est à peu près tout ce que j'en ai retenu de la célèbre sortie de Pierre Lapointe, qui demandait au jury qu'on écoute davantage les artistes underground. Idem pour le bumrush du collectif 83, lors d'un gala animé par Guy A. Lepage, qui revendiquait l'existence du rap québécois au sein de celui-ci. Et ça c'est sans compter tous les rappeurs qui se sont fait harcelants au cours des dernières années pour que les radios commerciales diffusent leur musique.

Mais, ne connaissent-ils donc pas leur branding, tabarnack? Visiblement, non. Le 6 à 6 CKOI procure nettement plus de fierté que le palmarès CISM, apparemment. C'est un rêve d'enfant qui se réalise, que d'être entendu sur les grandes chaînes radiophoniques, c'est ça? Dommage que ça se passe en même temps que celui des candidats de Star Académie, bro.

Les alternatives sont pourtant bien en place, mais tous, un après l'autre, finissent par céder aux avances alléchantes du mainstream monster. Et plus rapidement que jamais, en plus, si on pense notamment à Lisa LeBlanc qu'on a arrachée si vite à l'underground pour qu'elle appartienne désormais au folklore populaire québécois. Et tu vois, moi, pour cette raison, c'est une chanteuse pour qui je ne cesse de perdre du respect depuis que je l'ai vue partager la scène avec Andrée Watters au show de la St-Jean. Quand un artiste accepte de jouer le jeu, d'être un peu ou complètement contaminé par le star système, il vise non seulement à lui donner davantage d'importance, mais laisse entendre sa préférence pour celui-ci, au détriment d'une scène musicale à son image, qui représente des valeurs semblables aux siennes.

Impatient de réussir, il ne se laisse jamais la chance d'entretenir avec les artisans de sa communauté une complicité dans laquelle on se tire vers le haut. Par exemple: l'artiste underground du moment, sacré artiste de l'année, par le gala underground du moment. Une situation win-win.

Mais de toute façon, j'imagine que c'est plus rassurant d'être sur le pénis du star système qui t'indique que Maxime Landry est crissement meilleur que toi.

Je vous déteste.
 
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