Depuis quelques années, la culture hipster connaît un essoufflement progressif, à force de gagner en popularité. De 2009 à 2011, elle a survécu de peine et de misère. Mais ce n'est qu'en 2012 qu'on l'a finalement sauvagement assassinée pour de bon. Le hipster, tel que je le conçois, est donc mort. Cet être, en mal d'identité qui cherche à se renouveler constamment et qui a toujours assumé de plein gré ce sentiment de rebut qui survient alors que son band fétiche est découvert par « les autres », devra désormais se mettre à la recherche d'une appellation autre.
2012, c'est l'appropriation définitive d'une contre-culture par la masse, qui naturellement, fait son chemin en marge de celle-ci. Le hipster est mort et je t'ai concocté un palmarès qui relate en cinq points, pourquoi 2012 l'a tué. Prends note que si tu peux te reconnaître dans plus de trois points, t'as clairement contribué à son décès.
1. Partager des vidéoclips d'icônes hipster afin que le commun des mortels puisse aisément les identifier.
En 2012, surtout, le nouveau hipster des médias sociaux, à l'opposé de son prédécesseur, s'assurait, lors d'un partage de vidéoclip sur Facebook, que tous puissent reconnaître qu'il s'agissait effectivement là d'un artiste de type Hipster. Les plus connus, notamment les Black Keys, A$AP Rocky ou Lana Del Rey, genre. La Avril Lavigne d'la musique indie. De cette façon, il partageait non seulement Lana Del Rey, mais définissait également son identité au travers de ses réseaux. Et pour ce faire, il devait s'en remettre au visage hipster préconçu par l'imaginaire du commun des mortels. (Les lunettes, le foulard, les converses and shit)
Notre jeune hipster se retrouve alors à partager de la bonne vieille musique désormais mainstream, sans en démordre, puisqu'un groupe méconnu de pop-suédoise aux quelques 400 views sur YouTube ne possède plus le même type d'efficacité, puisqu'incompatible au nouveau moule du web-hipster, récupéré par monsieur-madame tout le monde.
Et bien évidemment, tout ceci est l'antipode de ce que l'on connaît du hipster.
J'veux dire, come on. On peut aimer le logo. On peut la boire parce qu'elle est abordable. Mais en 2012, la Pabst, une bière de hipster? Really? Elle a probablement dépassé les Rayban en terme d'ultime article de mode hipster sur-utilisé. Notons qu'à partir du moment où l'on commence à insinuer qu'un individu est hipster d'arborer qu'importe le fucking morceau de linge ou de boire une marque de bière, c'est indubitablement le plus grand signe qu'il est temps de passer à autre chose. Et davantage si elle est reconnue ainsi à l'international et qu'on en a fait mention dans un édito de La Presse, en 2009.
À toutes les fois que j'y suis allé, j'étais secoué de voir comment plusieurs pouvaient se déguiser. Ils me rappelaient cet ami « prep » au secondaire qui nous empruntait nos t-shirts de Guttermouth dans l'intention de fitter dans le moule en nous accompagnant au Vans Warped Tour.
All over la place, les gens portaient les lunettes « Bay window » exagérément trop grosses pour la face, qu'ils ont probablement louées chez Ubran Outfitters pour une soirée seulement. Remarque que je suis OK avec ça, c'est cute. Mais quand, sans se consulter, tout le monde rate son entrée remarquée si espérée, puisque tous identiques, faute d'originalité, c'est bof. Quoique, la première fois, on pardonne, ça peut arriver. Mais le comble, c'est que l'erreur soit répétée aux lancements subséquents. Impardonnable.
4. Se tenir dans les endroits branchés
Comme si, se rendre dans un bar accessible à tous, rendait systématiquement hipster. Pas que les gens branchés ne s'y réunissent pas, au contraire. Mais une simple présence récurrente, au point de faire partie du décor, ne justifie pas nécessairement un tel titre. Le néo-hipster les connaît trop bien ces endroits et se fait une joie de les intégrer à son petit guide de « how to hipster myself in Montreal ».
5. Les tendances mode éphémères
Tsé, ces tendances qui reviennent avant la fin de leur cycle. Notamment, le motif armée, hawaïen et amérindien (bon, lui il l'a complété, son cycle) qu'Urban Outfitters nous vend à 350$, pour sa « rareté ». Idem pour les t-shirts du défunt Nirvana. Je ne conçois pas qu'on puisse débourser autant d'argent pour ces vêtements qu'on peut dénicher en friperie pour une modique somme. Vintage, en prime. On les a tellement consommés rapidement dans la dernière année, que même Dollarama en a profité pour ressortir sa collection de linge et accessoires d'armée qui dormait dans son backstore. Quand fucking Dollarama(!!!) récupère une tendance hipster en plein milieu de l'engouement qu'on a pour elle, c'est signe qu'on fait face à un léger problème. J'espère que les fautifs ont mal d'avoir dépensé une si grande somme qui n'a même pas su leur assurer l'exclusivité.
Je te déteste.