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Critique de «Ventre»: est-ce que l’amour peut survivre à l’adultère?
Crédit: Après quatre ans d’amour, les papillons sont morts. Ventre s’ouvre sur les lueurs rouges d’une ville incendiée. C’est à la Petite Licorne que les mots de Steve Gagnon nous frappent, alors qu’un couple en crise s’affronte le temps d’une nuit.

Après quatre ans d’amour, les papillons sont morts. Ventre s’ouvre sur les lueurs rouges d’une ville incendiée. C’est à la Petite Licorne que les mots de Steve Gagnon nous frappent, alors qu’un couple en crise s’affronte le temps d’une nuit.

Sur scène, un homme en apnée lutte dans l’eau glacée d’une baignoire sale. Une fille cherche, souffre, gémit devant l’entrée de son appart, puis elle défonce la porte. Le prélart est sale et le reste sens dessus dessous; le chaos règne sur les miettes d’un amour déchu. Elle avait besoin d’aller voir ailleurs et il l’a su. Est-ce que l’amour peut survivre à l’adultère?

C’est à partir de cette trahison que l’on plonge au cœur de l’éclatement du couple. Qu’on évoque un Passion Flakie effouaré, une toilette publique ou L’Auberge du chien noir, le quotidien devient poétique sous la plume de Steve Gagnon. Le comédien et dramaturge sculpte l’intimité d’un amour qu’il vaudrait mieux abandonner alors que les deux corps impliqués refusent d’oublier. Les deux jeunes adultes sont fragiles, lucides et bouleversés. Plus soif, plus faim, plus envie de rien: la douleur consume autant leurs habitudes que leur confort. Il se met à prendre des bains glacés tout habillé alors qu’elle finit par voir des fantômes à tout bout de champ, les yeux pleins d’eau.


Steve Gagnon et Marie-Soleil Dion (Crédit: Daphné Caron)

Ventre, c’est la deuxième partie d’un triptyque sur la séparation amoureuse que l’auteur a amorcé avec La montagne rouge (SANG). Dans ce volet, on se bute à une histoire de chair, un dialogue de mains qui savent où aller parce qu’elles ne se souviennent pas comme la tête et redoutent moins que le cœur.

C’est aussi l’apologie de l’espoir sans la vacuité du fantastique: exit les abeilles qui chantent et les oiseaux qui rigolent. Dans Ventre, l’espoir est possible ici et maintenant. Alors que la copine jouée par Marie-Soleil Dion écorche Nicolas Ciccone, les médias et La Compagnie Créole, on aperçoit en riant l’affolante franchise d’un amour impétueux. Que reste-t-il quand la résignation n’est pas une option?

Ventre
Jusqu’au 23 janvier
Petite Licorne | 4559, avenue Papineau | theatrelalicorne.com

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