Le leader de My Morning Jacket n'est pas un grand compositeur, mais c'est certainement l'une des voix les plus colorées du rock. Ce premier album solo le voit user pleinement de cette qualité, bien qu'il ne s'éloigne pas à ce point des tons rock de son véhicule principal. Alors que MMJ s'est rapproché du rock d'aréna des années 70 avec les années, Regions of Light voit James renouer avec le côté spacieux et aérien du MMJ des premières heures. Le chant est bien au-devant, ludique, bon enfant, halluciné, et non plus encastré dans des gros riffs musclés. Ça fait du bien. Les arrangements, eux, sont complètement éparpillés, et c'est là le vrai plaisir de Regions of Light. Les références folk, soul, funk, rock, jazz, reggae et dub s'entrechoquent dans des mosaïques texturées de batterie feutrée, de guitares clean, de saxophone (prédominant, et ça marche!), d'orgue et parfois même de samples. Les structures de chansons sont floues et le fil conducteur, pas évident, mais tout coule quand même sans problème tant le tissage est agréable et créatif pour le genre. Si c'est comme ça, Jim James peut bien continuer en solo.