Critiques CD: My Bloody Valentine | m b v

Une surprise atterrie ce weekend via le site du groupe: rien de moins que le premier album de My Bloody Valentine depuis l'essentiel Loveless (1991), probablement l'un des seuls albums à avoir influencé autant le cours du rock que celui de l'électro. Pressent-on une aussi grande destinée à m b v? Non, forcément. Plus d'une génération a passé depuis Loveless et la signature de My Bloody Valentine a depuis été copiée à droite et à gauche. Ce qui ne veut pas dire que m b v n'est pas sidérant de qualité: il l'est. Il témoigne bien de tout le mijotage, le fignolage, la recherche et le tâtonnement qu'il a nécessités. Sa facture sonore est tout aussi viscérale et reconnaissable que le My Bloody Valentine d'antan, ce qui n'est pas rien à l'ère du numérique. Et dans le trou béant laissé par l'esprit adolescent, forcément évaporé, de Loveless, trônent l'ambition, d'intrigantes nouvelles pistes, de même qu'une nouvelle habileté à moduler les comptines psychédéliques de Kevin Shields. On les sent dans la ballade épurée Is This and yes, dans la presque funky New You, dans le rythme frénétique, quasi punk de Nothing Is et, surtout, dans les tissages sonores indescriptibles et résolument expérimentaux de Wonder 2. Il n'y a pas de pilote automatique ici, aucun remplissage, juste un passionnant compte-rendu de recherche. Contre toute attente, My Bloody Valentine vieillit bien.