La semaine dernière, on a connu le Pastagate, alors que l'Office québécois de la langue française voulait faire traduire de l'italien au français le mot "Pasta", sur les menus du Buonanotte, pis pour terminer ça en beauté, il s'est invité chez JoeBeef et à la brasserie Holder, chez qui on voulait faire retirer la mention "On/Off" dans la cuisine.
D'un ridicule.
Le problème ici, ce n'est pas qu'on exige une traduction pour On/Off, parce que ça, si on s'assoit deux secondes pour en discuter, on pourrait finir par s'entendre. Ce qui enrage, c'est que pendant des années, ça n'a dérangé personne. Et du jour au lendemain, y'a un déclic. Sans consultation ni pré-avis, c'est maintenant contraire à la loi. Et les principaux intéressés ne comprennent pas qu'on puisse leur reprocher de telles banalités.
Toutefois, plus je nous observe en tant que société, nos façons d'empocher des victoires, plus je m'aperçois qu'au final, on n'est pas si différents des zélés à l'OQLF.
Nos victoires, on les cumule trop souvent de la même façon. On laisse les choses aller pendant plusieurs années, pis soudainement: déclic. On fait passer ceux qui n'ont pas eu le temps de nous suivre, de bien saisir la problématique, dans le camp des méchants, des ignorants. On veut gagner rapidement, pis on ne fait presque pas de compromis. On communique à peine. Il y a alors exclusion d'humains, qui contre toute attente, sont désormais d'infâmes salauds, malgré eux. On amène aussitôt le débat sur la place publique dans le but d'en finir, de gagner, le plus tôt possible.
Plus ça va, plus le cercle des «méchants» prend de l'ampleur, les combats s'opèrent dans une bulle et dépassent largement la compréhension d'une majeure partie de la population. Ainsi, le sympathique commerçant du quartier pourrait s'attirer la colère de militants qui trouvent inconcevable qu'on suggère qu'une fillette doive se procurer une poupée vêtue d'une robe rose. Et celui qui l'offre à sa nièce en cadeau à Noël se ferait dévisager. Pourtant, il faudrait faire un peu de pédagogie avant de juger sévèrement les gens et d'imposer sa vision du monde. On pourrait alors tous se mettre d'avis qu'on ne devrait plus imposer aux enfants des jouets par catégorie de sexe.
Mais indeed, au lieu de prendre le temps d'informer et de considérer que tous ne sont pas au même niveau, on préfère toujours opter pour le bouc-émissaire, celui sur qui on peut sauter à la gorge et qui nous permettra l'attention médiatique et possiblement, la victoire, au détriment de perdants ébahis par leur nouveau statut d'ignare, garrochés dans le camp adverse, à se demander ce qu'il advient donc de notre société, qui pour chaque justice sociale, ne s'aperçoit même plus des injustices qu'elle laisse derrière elle, nous séparant, jour après jour, cultivant la haine des incompris, qui ne cherchent qu'à savoir pourquoi ne leur envoie-t-on pas le communiqué quand on se permet de changer soudainement les codes moraux?
Je vous déteste.