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L’excellent duo rock Ponctuation nous parle de sa «punkification» et de son premier album, 27 Club
Crédit: Remarqués dès 2011 grâce à leurs premiers vigoureux EP, les frères Chiasson ont pris encore plus de mordant depuis. Le résultat est 27 Club, un premier album qui paraît ce mardi.

Je ne m'attendais pas à revoir Ponctuation de sitôt. La dernière fois qu'on s'est «parlé» (si on peut appeler une entrevue par courriel ainsi), Guillaume Chiasson, chanteur et guitariste, prévenait que son baccalauréat en interprétation jazz à l'Université Laval allait prendre le plus clair de son temps.

Mais les choses vont vite lorsqu'on n'est que deux dans un groupe. Et Chiasson a davantage envie de travailler sa propre musique que d'étudier du jazz (peut-on le blâmer?). Après ses trois convaincants premiers EP, lancés en 2011 et 2012, non seulement Ponctuation rapplique déjà avec un premier album complet, mais il a en outre déjà passé quelques stades d'épuration et de maturation. Guillaume et son batteur de frère, Maxime, semblent avoir trouvé l'adjuvant idéal en Howard Bilerman, et le résultat, 27 Club, est un bel exemple de rock bien décanté, plus acéré et punky que ce qu'on a entendu sur les EP.

J'ai reparlé à Guillaume. Pour vrai, cette fois.

Aux comparaisons avec les Breastfeeders, tu as déjà répondu que votre point commun est de vouloir «actualiser les années 60». Ça veut dire quoi, pour toi?
Je ne sais pas si j'essaie de les actualiser. C'est sûr que c'est une période que j'aime. Plusieurs de mes groupes préférés viennent des années 60. Mais inconsciemment, je mélange ça avec autre chose. Je tripe gros sur le post-punk, le new-wave… Il y a des éléments dans nos compos qui seraient anachroniques si on voulait faire un pastiche des années 60. Ça serait donc peut-être ça, les actualiser. Mais c'est pas tant ça le but de Ponctuation. C'est de mélanger des choses qui nous plaisent. Ça adonne que les années 60, c'est notre ligne directrice. Ça en prend une si on ne veut pas que ça sonne n'importe comment. Mais on ne s'est pas dit: «on va actualiser les années 60»!

Il y a plusieurs années 60. Desquelles parle-t-on?
Ma période préférée, c'est vraiment la deuxième partie. De 65 à 69. Je tripe sur l'invasion britannique, mais le côté plus psyché m'attire peut-être un peu plus. Je parle de rock, mais ce qui est drôle, c'est que j'ai remarqué que c'était généralisé. Ce que je préfère en musique vient toujours de cette période-là. Même si je parle de jazz ou de musique contemporaine… Ou encore: 78-82. Cette période-là aussi m'attire beaucoup. On dirait qu'il y a des périodes charnières, comme ça, qui collent à l'esthétique qui me plaît.

Et la période 2012-2013, elle?
(Rires) la période 2012-2013… Y'a des affaires cool là-dedans aussi. C'est juste qu'on n'a pas de recul.

Parlons de ton jeu de guitare. Tu as un style plutôt coloré et texturé. Comment est-ce venu?
On a parti un band à deux non pas parce qu'on n'avait pas le choix, mais parce que c'était plus simple. Sauf qu'on ne voulait pas que le monde dise des affaires comme: «c'est pas pire pour un band à deux». On avait le souci de trouver un son complet. Mon approche de la guitare est surtout liée à ça. J'essaie de composer des tounes auxquelles il ne manque rien. Ça se manifeste autant dans mon jeu que dans mon choix d'amplis ou de guitares. Pour toujours avoir le son le plus riche possible.

D'où viennent ces effets sonores qu'on entend?
J'utilise beaucoup quelque chose qui s'appelle le Warp Delay. Le premier band que j'ai entendu qui utilisait ça est Ponytail. Ça m'avait vraiment frappé, donc j'ai essayé d'intégrer ça à mon jeu, parce que je n'avais jamais entendu ça ailleurs. En fait, c'est Boss qui fait ça. Ils ont comme deux modèles de delay qui ne se font plus, maintenant. Moi, j'ai la DD20. À ma connaissance, y'a pas d'autre marque qui fait ça. En fait, c'est juste un paramètre sur une pédale numérique: c'est un écho qui va à l'infini tant que tu laisses ton pied sur la pédale. C'est une pédale d'expression, si on veut.

27 Club sonne plus punk que vos EP, on dirait…
L'approche a quand même été similaire, sauf que, je sais pas, on s'est quand même donné une pression supplémentaire. J'ai l'impression que ça paraît un peu dans l'interprétation. Y'a deux vieilles tounes qu'on a réenregistrées et quand je les compare aux premières versions, je me dis: «câline, ça rentre au poste»! C'est drôle, parce que c'est vraiment inconscient. J'pense que c'est parce qu'on a l'habitude de les jouer en show et en show, tu joues avec plus d'adrénaline. Notre approche en studio a vraiment été de faire comme si on donnait un show.

Pourquoi vous êtes-vous donné cette pression supplémentaire?
Au début, on enregistrait tout nous-mêmes. Y'avait pas d'stress, tu y vas comme bon te semble. Mais là, on payait un ingénieur, un studio. T'as un deadline. Il y avait d'abord le stress de devoir être prêts, première des choses. Mais je crois qu'on l'était parce qu'après deux jours et demi, tout était fini! Y'avait une adrénaline similaire à celle qu'on ressent en spectacle, j'ai trouvé.

Pourquoi avoir choisi Howard Bilerman et l'Hotel2Tango?
On était partis avec la volonté de taper analogique et y'a pas tant de places à Montréal qui le font pour vrai. C'était pas mal le choix évident. C'est ce qu'on a aimé: c'est vraiment analogique de A à Z. Même le mix. Y'a eu aucune intervention à l'ordinateur. Et avec quelqu'un derrière le board, on pouvait vraiment se concentrer juste sur notre interprétation. On voulait un son rough, mais un bon son rough. On voulait amener notre production à un autre niveau sans trop dénaturer les choses. On aurait trouvé ça weird d'avoir un gros son à la Gros Mené, mettons. On a monté d'un step, mais sans trop nous éloigner de ce qu'on faisait.

Tes textes sont-ils faits pour être une part importante de tes chansons?
Je n'aime pas le terme «faire de la chanson». S'il y a des paroles sur une toune, il faut nécessairement qu'il y ait un minimum d'effort dedans. Sinon, chante pas. Je n'ai pas la prétention de bien écrire, sauf que j'essaie. J'aimerais arriver à un stade où c'est pas pire. Donc, quand je fais une toune, j'essaie de travailler ça. J'aimerais écrire comme Stéphane Lafleur, un jour. Je trouve ça plate quand j'entends un band dire que les paroles, c'est secondaire. Tant qu'à chanter, aussi bien dire de quoi de nice. Même si c'est du rock, ça vaut la peine.

27 Club: sortie le 19 mars sous étiquette Bonsound

Ponctuation: lancement de 27 Club
20 mars | Divan orange
4234, St-Laurent
ponctuationponctuation.bandcamp.com

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