Le rythme musical et certaines paroles du nouvel album de Gaël Faye, Pili Pili sur un croissant au beurre, nous rappellent à la première écoute, celles du célèbre slameur Grand Corps Malade. Or, plus on répète l'exercice et plus on s'imprègne de l'histoire, des mots et des airs de Faye, on comprend bien que sa musique est unique, et taillée à sa propre image: métissée, harmonieuse, poétique et contemporaine.
C’est que cet auteur-compositeur-interprète frôlant la trentaine, est né au Burundi d’une mère rwandaise et d’un père français et a immigré dans l'Hexagone après avoir fui son pays en guerre à l’âge de 13 ans. Un parcours de vie et des origines qui inspirent clairement l'ensemble des thèmes abordés sur ce nouvel opus, comme en témoignent ces quelques extraits: «Mon père chasse le croco, ma mère met du lait de coco, ici je suis franco-rwandais, je ne vais pas vous faire un topo… », chante-t-il dans France. «Pili pili pili pili sur un croissant au beurre»…
Toute sa musique confirme également ce fort métissage. Imprégnée de divers styles musicaux comme le rap, le soul, le jazz, la samba ou la rumba congolaise, elle fait voyager l'oreille des rues parisiennes au bord du Lac Tanganyika, et raconte le voyage, mais aussi l'exil, la déchirure et le rapport à l'identité. À travers cet album, Gaël Faye nous parle de lui, de ses parents, de ses amours, de ses amis, de ceux qui sont restés au pays et des autres, partis ailleurs bercés par le doux air de l'eldorado européen.
Un disque à découvrir et un voyage qui vous mènera quelque que part entre l'Europe et l'Afrique, c'est-à-dire en plein milieu du coeur.