Ça commence bien. “Fuck”. Ensuite: quelques autres obscénités, puis “Fuckin’ fag”. Tyler, The Creator a toujours embrassé avec bonheur les tropes homophobes et sexistes du rap, comme des tics nerveux dont on ne peut pas vraiment se débarrasser, alors aussi bien s’en servir. Ce qui est nouveau sur Wolf, c’est qu’il développe à l’entour de ceux-ci une étonnante sensibilité: après un refrain soul où il prie pour qu’une fille réponde au téléphone, il reprend le rap avec un “suck my fuckin’ dick” bien senti. Cette dichotomie est explorée tout au long de l’album, et on a l’impression de voir un artiste (j’ai envie de dire “un artiste torturé”) qui a de la difficulté à assumer le rôle qu’il s’est lui-même donné. Une rare profondeur se dégage de cet album qui, en réfléchissant avec nostalgie et tristesse sur le passé et le présent, met ambitieusement la table pour la suite.