Le projet très attendu de Sophie Cadieux et de Marie Brassard fait revivre les textes de Nelly Arcan sans tabou et sans retenue
Ariel LittelLa Fureur de ce que je pense, c’est l’œuvre d’Arcan offerte aux spectateurs sans ambages. « Nous voulions simplement montrer à quel point l’écriture de Nelly est toujours vivante, vibrante, et quelle peut nous inspirer, nous explique Marie Brassard, qui ne cache pas son admiration. J’ai beaucoup de respect pour l’écrivain qu’était Nelly Arcan. » C’est ce grand respect qui l’a poussée à rejoindre le projet de Sophie Cadieux. L’actrice, artiste résidente pour la seconde année à l’Espace GO, est interpellée par les questionnements de l’œuvre d’Arcan sur la place du féminin dans un univers perdu entre romantisme et hypersexualisation. Entourée d’une équipe d’actrices talentueuses (Christine Beaulieu, Monia Chokri, Évelyne de la Chenelière, Johane Haberlin, Julie Le Breton, Anne Thériault et elle-même), Cadieux décide d’explorer l’intimité de l’œuvre d’Arcan.
Sophie Cadieux (Crédits photos: Carl Lessard et Maude Chauvin)
« Je voulais que l’on retrouve sur scène des femmes, et non pas Nelly. Des femmes à travers lesquelles la parole de Nelly passerait », précise Brassard. Pour éviter qu’encore une fois, le public ne s’attache plus au personnage qu’aux mots. « Que l’on soit traversé par l’écriture, mais au-delà des clichés qu’a pu véhiculer le personnage de Nelly Arcan. Enfin, être des interlocuteurs, que l’on aborde son écriture comme elle aurait voulu qu’on l’aborde », résume la metteure en scène. Brassard, entourée d’une équipe « d’actrices formidables » et d’amis — Daniel Canty, qui l’aide à l’adaptation — veut proposer au spectateur une réflexion, un cheminement qu’il pourra continuer hors du spectacle. Car l’œuvre d’Arcan, selon elle, est « une réflexion sur la mort, l’amour, le désespoir, la peur, mais aussi la nature et la soif de lumière ». Marie Brassard apporte aussi sa pierre à l’édifice, ce théâtre musical, « loin du music-hall américain » qu’elle chérit et expérimente. La Fureur de ce que je pense, sept chants, entrecoupés de chœurs, qui s’élèveront pour nous faire entendre une seule voix.
La fureur de ce que je pense
Jusqu’au 4 mai à l’Espace GO | 4890, boul. Saint-Laurent | espacego.com