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IAM ou trois légendes du rap français qui téléphonent à NIGHTLIFE pour jaser de leur nouvel album
Crédit: Les légendes du rap français rappliquent avec un nouvel album et s'apprêtent à revenir jouer à Montréal cet été.

Pour la petite histoire de l'entrevue

«Donc, ça fonctionne pour l’entrevue avec IAM. Quelqu’un du label t’appellera à 11h40 et tu auras 15 minutes avec Shurik’n.» C’était l’entente originale. Faque, à 11h40 quand mon téléphone sonne (j’aurais trouvé fou que l’afficheur indique Shurik’n), je m’attends à parler à une relationniste qui me dira qu’on a un peu de retard et qu’elle me mettra en contact avec Oncle Shu dès que possible.

11h40: rien.

11h42: Driiiiing (en fait, c’était sur vibration, mais question de compréhension, j’écris «driiing»).

Moi: – Allo.

Téléphone: – Oui, c'est pour l'interview avec le groupe IAM… C'est le bon numéro?

C’est un gars (je m’attendais à une fille – c’est sûrement sexiste, mais souvent les relationnistes sont des filles). L’accent est très marseillais: ine-tiers-viou… Je trouve ça bien qu’ils engagent un Marseillais pour faire la promo d’un groupe marseillais.

Moi: – Oui.

Téléphone: – OK, c'est Imhotep, je suis avec Kephren et Shurik'n du groupe IAM…

Moi: – Heille, salut gang!

Téléphone: – Pardon?

(Malaise)

OK, j’ai été un peu pris de court. Pas de relationniste, pas de retard. Juste trois légendes du rap français qui se sont dit: «bon, y'est 11h40, faut appeler le gars…» Ça a commencé croche, mais tout s’est replacé.

L'entrevue

Dans quelques jours, (le 22 avril) le groupe lancera Arts Martiens, son sixième album studio. Celui-ci arrive après que son «autre sixième album studio», IAM Morricone (un dialogue entre les textes du groupe et des morceaux du compositeur italien), se soit fait «tabletter» à cause des complications et des coûts reliés à la libération des droits des extraits.

Kephren: «Quand on nous a expliqué que le projet Morricone serait difficile, voire impossible, on a mis deux jours à s’en remettre, puis on a été obligés d’aller au boulot.» Shurik’n complète, «de l’urgence de tout ça est sorti Arts Martiens. Quarante-trois morceaux enregistrés en quatre mois, et avec le recul, c’est un constat que je peux faire: le groupe fonctionne beaucoup mieux et a tendance à se sublimer sous la pression.»

Des 43 morceaux composés, une quinzaine ont fait la coupe. Morceaux où IAM regarde beaucoup en arrière, mais Shurik’n se défend d’être nostalgique: «c’est pas de la nostalgie, c’est une narration de notre expérience. On n’a jamais fait de misérabilisme, on n’a pas de regrets. C’est vrai qu’on utilise des éléments de notre passé, mais c’est pour comparer avec ce qui se passe aujourd’hui.»

Shurik’n semble avoir eu une influence marquée sur l’album, qui ramène des sonorités orientales et des histoires de samouraïs. Le MC entretient depuis longtemps une passion pour l'Asie féodale, passion qui occupait une grande partie de son premier album solo (Où je vis, 1998).

Imhotep justifie en se payant la gueule de son collègue: «comme il est très costaud, on n’a pas pu lui dire non! Mais c’est une tendance ancienne. Ombre est lumière (1993) était très influencé par les musiques asiatiques. C’est peut-être un côté qu’on avait perdu de vue lors de nos deux précédents albums, mais c’était toujours présent dans nos inspirations. Ça reste l'une de nos influences majeures, avec les musiques méditerranéennes.»

«C’est certain que c’est un côté que je ramène beaucoup dans mes textes parce que c’est une passion extramusicale, comme pour Akhénaton avec l’histoire de l’Égypte», ajoute Shurik’n.

Rap d’adulte

Depuis un quart de siècle, les Marseillais redéfinissent un peu chaque jour ce que devrait être un groupe de rap actif. «Question longévité, on devrait être dans le Guinness!» blague Imhotep. Parce que si quelques rappeurs solos sont encore actifs passé la quarantaine, assez peu (pas?) de groupes y survivent.

Shurik’n ne voit rien de nouveau dans ce rôle: «en France, il n’y avait pas d’exemple avant nous. Nos exemples venaient de la Côte Est, donc forcément, on a toujours été dans cette position de défricheurs. L’important, c’est qu’on continue à défricher.»

Même son de cloche pour Kephren: «j’ose espérer que le rap qu’on fait ressemble à nos âges. On a conscience qu’il y a des sujets qu’on va aborder qui vont passer au-dessus de la tête d’une certaine génération, mais ça, c’est la vie!» Imhotep d'ajouter, «on n’a jamais cherché et on ne cherchera jamais à faire du rap de jeunes. On s’assume en tant que trentenaires, quadragénaires et même quinquagénaires pour certains membres du groupe.» «Parle pour toi!», blague Shurik'n.

Imhotep explique: «on assume complètement notre âge et notre position dans le rap français.»

IAM a donc traversé pas mal toutes les phases du rap français: le groupe est encore ensemble et semble vouloir continuer. Mais il reste quoi après? Shurik’n et Imhotep s’échangent la réponse: «il y a toujours à faire! On a fait les pyramides (Retour aux pyramides, 2008). Là, on aimerait jouer à New York et peut-être un concert sur la planète Mars. Ce serait pas mal. Avec les progrès de l’astronautique, si c’est possible et pas trop cher…»

Arts Martiens: sortie le 22 avril

IAM
18 juin | Métropolis
59, Ste-Catherine E.
avec Taktika
iam.tm.fr

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