Critique de «The We and the I»: Michel Gondry signe un de ses meilleurs films
Dustin Ariel Segura SuarezL'histoire peut paraître un peu simple au départ: à New York, des ados terminent leur année scolaire et se tapent pour la dernière fois le trajet d'autobus qui les ramènent à la maison. C'est dans la simplicité que Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, The Science of Sleep) signe un de ses meilleurs films. Lui qui nous a habitués au meilleur comme au pire semble en parfaite maîtrise de son art dans ce huis clos savamment élaboré pour nous faire voyager sans nous faire chier.
Ils s'appellent Michael, Teresa, Laidychen, Little Raymond, Big Raymond, Big T, Jacobchen, tous assis dans le même bus. Et que fait-on entre amis en autobus? On discute. Les sujets de conversation abondent et s'entremêlent. On passe de l’épineuse élaboration d'une liste d'invités à une fête, à l'approfondissement sur le port d'une étrange brassière rembourrée d'eau, au souvenir d'une fête où l'on était trop bourrés, mais où on a frenché, au rapport homme/femme, homme/homme, femme/femme… On rejoue en loop la même vidéo d'un ami absent qui subit le coup du beurre sur le plancher et qui glisse de tout son long. On s'engueule, on se réconcilie, on se fait écoeurer, on ne se parle plus. Bref, on parle tout le temps afin de s'exprimer pour mieux exister, le tout constamment entrecoupé de textos, d'appels, de belles filles qui passent à bicyclette.
On prend place dans ce bus comme un passager solitaire qui se retrouve bombardé de discussions auxquelles il ne participe pas, mais qui ne manquent pas de le divertir ou de le choquer. L’élément marquant du film reste le naturel avec lequel les acteurs amateurs portent le scénario. Tout se dit dans le slang de l'adolescent en pleine puberté avec en fond musical Run DMC, Young MC, Boards of Canada…
Fidèle à son style, Gondry construit une mise en scène imaginative chargée d'une bonne dose d'humour. Le montage a cette énergie qui colle au besoin de bouger de l'ado. Les flashbacks et les quelques envolées oniriques amènent des moments forts où l'on ressent le plaisir de la créativité chez le réalisateur un peu gamin, qui en profite pour nous ouvrir une porte sur son univers qu'on aime tant. On fini même par lui pardonner ses erreurs passées.
The We And The I
Le 23 avril au Centre Phi | phi-centre.com
Du 26 avril au 3 mai au Cinéma du Parc | cinemaduparc.com