Si j'te racontais, par exemple, que j'ai vu un homme blanc s'en prendre à un noir, sur la rue, comme ça, sans raison… Admettons-le, il serait légitime que tu me rétorques: «Ouin mais là, les noirs sont pas mieux! Check aux nouvelles…»
Right? Non.
Et si j'te faisais part de l'histoire d'une fille qui s'est faite violer sur le chemin du retour, en sortant d'un club? Tu n'aurais pas tort si tu t'empressais de répondre: «Ouin mais là, les filles le cherchent un peu, des fois! Check comment sont habillées…»
Vrai? Pantoute.
À moins d'être un crétin tombé ici par hasard, tu seras d'accord avec moi: ce sont des raisonnements primaires qu'il faut éviter à tout prix. Je l'sais bin qu'on est sur la même longueur d'onde là-dessus. T'es pas un cave.
Mais pourtant, à chaque tabarnack de fois que j'te rapporte le comportement dangereux/agressif d'un automobiliste, alors que j'suis à vélo, c'est comme si tu perdais toutes notions de logique pis que ton cerveau reproduisait, sans gêne, les mêmes défaillances intellectuelles qui poussent quelqu'un à raisonner comme dans les deux exemples susmentionnés. Dès qu'un cycliste et/ou piéton t'parle d'un épais au volant, t'es soudainement frappé par l'incapacité de faire la part des choses. De gérer ça de façon cas-par-cas.
Pas une seule fois, sur mon compte Facebook, que j'aie pu partager ma rage à l'égard d'UN automobiliste sans qu'un débat puéril n'éclate. «Ouin mais là, les cyclistes sont pas mieux! Toujours en train d'brûler les lumières!»
Bro, soyons clairs: quand j'émets une anecdote en lien avec la route, c'est TOUJOURS un cas isolé. Je te parle de LA voiture, ce JOUR LÀ, qui est passée à ÇA de m'faire revoler à 234235 mètres plus loin. Pas de celle d'un autre. Ni de celle de ta mère. (J'suis certain que ta maman est un exemple à suivre, au volant.) Y'en n'a pas de débat.
On dirait qu't'as l'impression que TOUS les cyclistes ont signé un pacte de serrage de coudes inconditionnel, entre eux. Que, même si un conducteur n'est pas dans l'erreur, on va tous se backer pour le salir, le tabarnack qu'ya happé notre confrère plutôt téméraire. Qu'on ne pourrait jamais admettre qu'un autre cycliste roule comme un sans-dessein sur l'heure de pointe.
Mais ça sort d'où tout ça? Penses-tu vraiment qu'on ne sacre jamais contre les idiots à vélo/à pied? J'veux dire, toi, quand t'es en auto, envoies-tu la main, sourire aux lèvres, à tes collègues automobilistes? Les vois-tu comme des camarades? Bin non, esti. Tu sacres, tu klaxonnes pis tu les envoies chier. C'est la même affaire pour nous.
Ceci dit: ton grain de sel mal placé sur les cyclistes, là où il n'y a pas débat: on s'en câlisse un peu. Y'a pas de « Ouin mais là… » qui vaille, quand tu commentes l'anecdote d'un gars qui s'est quasi fait ramasser par un véhicule. T'étais juste pas là, tu sais pas. Ton point, c'est quoi, alors? J'ai trouvé. Tu conduis un char, t'as une opinion sur les infâmes cyclistes pis tu cherches constamment le moment opportun pour la ploguer. Qu'importe si ça fitte ou non avec l'idée initiale. C'est ça? Ça m'en a tout l'air. Tu devrais sincèrement démarrer ton propre blogue.
Je te déteste.