À l'incrédulité de voir ce groupe à la profondeur discutable toujours dominer la planète rock, on doit opposer l'étonnement de le voir enfin accoucher d'un album crédible, digne de son improbable importance. Plus composé, moins théâtral, Trouble Will Find Me voit notamment le chanteur Matt Berninger y aller de mélodies plus ciselées et moins aléatoires qu'avant. Ses acolytes, eux, sont économes de leurs artifices indie-pop habituels (trillements de guitares, crescendos…) et donnent aux épanchements de Berninger un appui musical nuancé, sobre, d'allégeance folk. Au-delà de la douce I Should Live in Salt et de l'étoffée Heavenfaced, cependant, le The National sinueux ressort fréquemment (Humiliation) et l'album s'avère pour le moins inégal. Et même dans ses meilleurs moments, The National reste une sorte de Leonard Cohen d'occasion.