Quand Malajube est apparu sur les radars, fin 2004, les oreilles pointues ont applaudi un antidote attendu depuis longtemps au pop-rock radiophonique, qui semblait jusque-là être la seule voie musicale possible au Québec.
Presque neuf ans plus tard, c'est avec un peu de surprise qu'on écoute Oothèque, le projet solo de Francis Mineau, batteur de Malajube, qui lance cette semaine son premier album homonyme. Variée au possible (du prog? De l'électro? Check et recheck), l'affaire comprend notamment beaucoup de ce pop-rock dont Malajube nous a jadis soulagés. Par moments, on n'est pas si loin de Dumas.
Demi-tour? Transfuge dans le «camp adverse» (Mineau a après tout passé une partie de la dernière année aux côtés de Peter Peter)? Quête d'un succès qui a échappé à Malajube ces dernières années?
Et si tout n'était pas coupé au couteau à ce point? Occupé à regarder un docu sur le guitariste disco Nile Rodgers au moment de recevoir mon appel, Mineau est peu porté sur les étiquettes. Et lorsqu'il doit en mettre, il jure que c'est à la pop d'abord que son cœur a toujours appartenu. «C'est la musique que j'écoute et celle qui m'a formé, clame-t-il. J'écoute plein de choses différentes, mais j'en reviens toujours à Fine Young Cannibals. C'est la musique qui me parle le plus. Quand on a commencé, avec Malajube, c'est réellement ça qu'on avait en tête: un groupe de pop! Ce n'est pas exactement ce que c'est devenu, mais c'était le désir de base.»
Le passage d'un batteur à l'avant-scène a toujours de quoi surprendre. Mais là encore, Mineau rappelle que Malajube n'est qu'une partie de son parcours musical: il chantait, jouait guitare et piano bien avant de frapper les peaux pour les indie-rockeurs. «C'est quelque chose que j'ai toujours fait. Même avec Julien (Mineau, leader de Malajube). Quand on avait 13-14 ans et qu'on a commencé à faire de la musique ensemble, c'était comme ça: en s'échangeant des morceaux qu'on avait écrits chacun de notre bord. Dans Malajube, je n'ai jamais trop composé, mais ça ne m'a jamais empêché de jouer du piano à la maison quand ça me tente.»
Et c'est ainsi qu'Oothèque est né. Sans trop que Mineau ne voit les chansons s'accumuler. Oothèque, l'album représente davantage le désir d'en faire un bouquet bien ficelé, de lui apporter une finalité, bien plus que de conquérir les palmarès. «Je ne viens pas me présenter en tant que nouveau chanteur. Ce n'est pas ce que je suis. Je préfère voir ça comme un album de musicien. Un projet à l'intérieur de mes capacités musicales, un parmi tant d'autres», explique-t-il.
«Je crois encore à l'album dans le vieux sens du terme. Pas juste quelque chose qu'on sort sur le net, là; un matériau, une œuvre où on essaie d'affirmer quelque chose, où on peut réfléchir aux liens entre les chansons. Je pense encore que c'est possible de le faire et que des bonnes choses peuvent sortir de ça.»
Et pour ceux qui s'ennuient de Malajube, la formation devrait bel et bien reprendre du service l'an prochain. «J'ai hâte de voir ce que ça va être, dit Francis. J'y pense de temps en temps. Mais pas tant que ça. Je profite de la pause.»
Oothèque: concert de lancement (6 à 8)
16 mai | O Patro Vys
356, Mont-Royal E.
ootheque.com